les autres ne sont que des variétés ou plutôt des passages. 1o. Le charbon de terre compacte, dur, gras au toucher, noircissant les doigts, d’un noir luisant comme le jayet ; sa pesanteur est assez considérable, c’est celui que Zimmerman nommoit charbon de poix ou charbon de forge. Il ne se rencontre que très-enfoncé dans la terre & contient une portion de bitume très-considérable ; quelquefois il est assez dur pour pouvoir être poli & travaillé au tour, comme celui de Lincoln en Angleterre & dont on fait des boîtes & des tabatières. 2o. Le charbon de terre tendre, friable, se décomposant très-facilement à l’air, plus léger que le premier, est moins bitumineux que lui. La texture cassante & lamelleuse lui a fait donner le nom de charbon d’ardoise. La plus grande différence est sur-tout dans la manière dont ils se comportent au feu & dans leurs usages. Le premier ne s’enflamme pas trop ardemment à la vérité, mais une fois allumé il produit une flamme claire & brillante, une fumée épaisse & une chaleur plus vive & plus durable ; aussi l’emploie-t-on beaucoup plus, sur-tout dans les travaux en grand, que la seconde espèce qui s’allume assez facilement, mais ne donne qu’une flamme passagère & de peu de durée. Sa chaleur plus douce & plus modérée suffit pour les besoins ordinaires du ménage & pour échauffer les poêles & les cheminées des appartemens.
Analyse du charbon de terre. Si l’on examine plus particulièrement la nature du charbon de terre, & qu’à l’aide de la chimie on veuille découvrir les principes qui le composent, on trouvera de l’eau ou phlegme qui passe par la distillation à la chaleur de l’eau bouillante, à un degré supérieur de l’esprit alcali volatil : en augmentant insensiblement le feu, il passe une huile plus ou moins épaisse qui est un vrai bitume, & il ne reste plus qu’un charbon poreux & léger, que les Anglois ont nommé coaks, dont nous parlerons plus bas. Ainsi cette substance n’est que de l’eau, un peu d’esprit alcali volatil, une huile bitumineuse & de la terre.
Origine du charbon de terre. Il semble que l’analyse chimique du charbon de terre, devoit naturellement conduire à connoître son origine, & par quel accident on en trouve des mines plus ou moins abondantes dans différentes parties du globe. Cette production singulière qui semble s’éloigner de la nature de toutes les autres, & tenir le milieu entre le règne végétal & le minéral, qui en paroît être le résultat, a été attribuée à la décomposition des végétaux. On a imaginé que de très-vastes forêts avoient été ensevelies dans la terre par des révolutions particulières du globe ; que là elles s’étoient détruites, qu’elles avoient fermenté, & que le produit de cette grande décomposition étoit les bitumes tant fluides que solides (Voyez le mot Bitume) ; que ces bitumes, en se solidifiant, étoient devenus charbon de terre. D’autres ont pensé que les veines, les couches, les mines de charbon avoient été formées en même-temps que le globe, & étoient aussi anciennes que les autres substances minérales. M. le Camus enfin a proposé dans le Journal de Physique (1779, T. 13) un systême particulier & qui rend facilement raison de tous les phénomènes & de tous les accidens qui accom-