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ouest) qu’ils n’aient été précédés & accompagnés, ou suivis de coups de soleil très-ardens, ou de quelque chaleur immodérée pour la saison ; 7.o elle ne prend pas toujours uniformément ; souvent elle arrive tout d’un coup, d’autres fois peu à peu ; tantôt avec la naissance même des bourgeons, tantôt lorsqu’ils sont à cinq ou six feuilles ». (Voyez le mot Bourgeon, afin de savoir en quoi il diffère du bouton.)

« La cloque n’est donc qu’une indigestion en forme, causée par le contraste du froid & du chaud. Elle ne prend, comme je viens de le dire, qu’après que la terre a été, durant quelque temps, échauffée par la douceur des zéphirs, ou après que les rayons pénétrans du soleil ont mis la sève dans un mouvement subit. Alors, par une révolution soudaine, ces vents de galerne apportent des froids morfondans qui l’arrêtent. Cette révolution momentanée de la sève ne lui permet pas de se préparer, ni de séjourner dans ses cribles & dans les canaux propres à la digérer ; elle y arrive grossière. Elle a bien pu monter, mais s’étant morfondue en chemin, elle ne circule plus, & se jette alors dans les parties les plus voisines ; savoir, l’extrémité des bourgeons, & les feuilles vers lesquelles elle a été lancée d’abord. De cette charge brusque & confuse naît le volume énorme de chaque feuille, & le gonflement des bourgeons épaissis par leur extrémité ».

Il n’est pas possible de donner une description mieux détaillée que celle présentée par M. de la Ville-Hervé, ainsi que le précis des sentimens des cultivateurs ; j’aime à penser que cet auteur si estimable ne me saura pas mauvais gré si mon opinion est différente de la sienne, sur les causes de la maladie. J’ose dire que les insectes sont la cause première des ravages, & que la matière excrémentitielle de la sève, ne pouvant être expulsée au-dehors par les feuilles, y séjourne, & par une métastase, reflue dans les bourgeons qui acquièrent un plus grand volume à leur sommet. Je ne disconviendrai pas absolument que les vents froids n’augmentent la maladie, ce qui est encore un problème à examiner ; mais il n’en sont jamais la cause première.

Lorsque les feuilles, les fleurs, les jeunes bourgeons sont frappés de la gelée, ils ne se dessèchent pas, ne se réduisent pas en poudre au moindre contact, si les rayons du soleil ne viennent pas brusquement frapper dessus ; dans ce cas, chargées d’humidité intérieurement & extérieurement, couvertes de rosée ou d’une quantité de goutelettes d’eau égales au nombre de leurs pores, cette humidité s’évapore, la feuille reste sèche, & le soleil peut darder ensuite ses rayons sans l’endommager : mais si l’humidité subsiste, chaque goutelette forme une loupe qui concentre les rayons du soleil, & produit l’effet du miroir ardent : comme ces goutelettes sont aussi nombreuses que les pores, il n’est donc pas difficile de se représenter toutes ces petites loupes desséchant & brûlant à la fois la superficie d’une feuille, d’une fleur, &c. Dans la cloque, au contraire, ce phénomène n’a aucune ressemblance avec celui opéré par la gelée ou par la rosée blanche la plus forte. La feuille reste entière, au recoquillage près ; & ce recoquillage