Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/420

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« Je ne puis qu’applaudir à cette pratique, continue l’auteur, puisqu’elle a pour base un raisonnement aussi juste. Néanmoins, persuadé que la nature veut, en nombre d’occasions, être aidée, & qu’elle m’a paru en avoir grand besoin après la cloque, je pense qu’il est à propos d’administrer aux arbres cloqués des secours pour l’exciter sans la forcer. Je les laisse durant quelque temps sans leur rien faire, afin que la sève se reproduise, & que celle qui est extravasée, rentre en partie pour être mieux élaborée, ou sorte tout à fait, & se décharge. Ce temps ne peut être déterminé que par celui employé, par les arbres, à se remettre de leur crise, c’est-à-dire, quand les feuilles brouies commencent à se faner. Je préviens leur chute, & avant la pousse des nouvelles, je vais les ôter & les recueillir dans un panier, pour les brûler avec celles qui ont pu tomber. La cloque n’arrive jamais qu’elle ne soit suivie d’un déluge de pucerons qui s’attachent aux feuilles devenues extrêmement tendres par l’épanchement trop abondant de la sève. (J’ai dit que les pucerons occasionnoient cet épanchement) En laissant sur terre ces feuilles remplies des œufs de tous ces petits animaux, ils se multiplient à l’infini l’année suivante, & reviennent assaillir les pêchers ». (Je ne suis pas encore ici de l’avis de l’auteur.)

« Après cette première opération, je jette à bas les bourgeons rabougris, étiques & morts, & je fais aux arbres une sorte de taille. Les arbres sont malades, il faut les soulager ; ils sont épuisés, il faut leur fournir les moyens de prendre vigueur. Or, si je leur laisse trop de bourgeons à nourrir, combien auront-ils de peine à se remettre, & combien de temps s’écoulera-t-il avant leur rétablissement ! Le reste des bourgeons choisis que je conserve, profite en raison de leur moindre quantité. C’est ainsi qu’en 1749, j’ai conduit une infinité de pêchers, & j’ai eu la satisfaction de les voir se rétablir un mois plutôt que ceux de Montreuil ».

« Autour du pied de ces arbres appauvris, je mets du terreau ; s’ils ont été fermés, je jette un peu d’eau. Je répare de cette façon leurs pertes & leur épuisement, & je leur donne le moyen d’agir plus promptement. Je ne dirai point qu’après l’enlèvement de toutes les feuilles cloquées, un labour est essentiel ».

« La cloque ne se borne pas aux effets dont j’ai fait la triste peinture ; elle étend sa malignité sur la pousse de l’année & sur le fruit, comme sur ceux des années suivantes. D’abord elle fait avorter à chaque bourgeon cloqué, tous les yeux du bas jusqu’à la quatrième & cinquième feuille, &, par conséquent, nulle espérance de fruit à la taille prochaine, qu’on est obligé d’alonger à ceux des yeux qui ont poussé après coup ».

» Une autre suite non moins fâcheuse de la cloque, est l’avortement de tous les boutons à fruit des bourgeons : en faisant tomber leurs feuilles, elle les force d’ouvrir leurs boutons pour en reproduire de nouvelles, & cette reproduction ne peut se faire qu’aux dépens de la substance de chaque œil qui, dès-lors étant altéré, n’est plus en état de donner du fruit l’année suivante : aussi ne doit-on compter d’en avoir qu’à l’extrémité de quelques branches ».