Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/421

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« Plus d’une année le pêcher se ressent de cette maladie. Après sa guérison, il perce à travers la peau en différens endroits, & fait éclore des gourmands, ou des branches adventices. (Voyez ces mots) Un jardinier entendu, taille d’année en année, le plus long qu’il lui est possible, sur ces sortes de branches, les étend, & rabaisse insensiblement les autres sur lesquelles il rapproche son arbre ».

Cette méthode est, sans contredit, la meilleure, & celle qui remédie le plus au désordre de la cloque. J’avoue avec plaisir & avec reconnoissance envers M. de la Ville-Hervé, que ses leçons m’ont été très-utiles. Voici les observations auxquelles elles ont donné lieu. Un de mes pêchers avoit un seul bouton cloqué ; je l’ai abandonné à lui-même, il s’est desséché. Au temps de la chute de la feuille de l’arbre, le bois mort a été supprimé. L’année suivante presque tous les bourgeons ont été cloqués, & ceux des arbres voisins ne l’ont point été. Je pense que les pucerons, avant de disparoître de dessus cet arbre, ont fait la ponte sur les bourgeons de l’année, & peut-être sous l’écorce des boutons d’où est sorti l’essaim formidable qui a cloqué successivement les bourgeons nouveaux. Ils savent trop bien que la feuille cloquée se dessèche & tombe ; que presque toujours elle est enfouie dans la terre par les labours, ou emportée par les vents, & par conséquent que leurs œufs périroient infailliblement. Je le répète, la nature est trop attentive à la conservation des espèces, pour permettre une telle étourderie aux pucerons. La loi générale, dictée à tout insecte qui dépose ses œufs sur des feuilles annuelles, est que ces œufs seront éclos avant la chute de ces feuilles, & qu’avant cette époque, l’insecte qui doit en sortir aura acquis son état de perfection. Il n’en est pas ainsi pour les feuilles vertes subsistantes sur la plante pendant l’hiver. Si leur renouvellement ou leur chute est fixée au printemps, de l’olivier par exemple, ou plus tard, l’insecte sera parfait à l’époque de l’apparition des feuilles ou des bourgeons nouveaux, afin que ses petits trouvent en sortant de l’œuf, des feuilles tendres & une nourriture analogue à leurs besoins. Je crois donc assez inutile de ramasser les feuilles cloquées, desséchées & tombées à terre ; cependant, la précaution ne sauroit nuire.

J’avois dans un endroit assez éloigné du premier, un autre pêcher dont presque tous les bourgeons étoient cloqués ; j’eus la patience de couper toutes les feuilles avec des ciseaux, & de les rassembler sur un drap étendu par terre, afin de les jeter au feu. Les bourgeons furent plus flétris pendant environ quinze à vingt jours ; ils reprirent un peu de vigueur à mesure que les feuilles nouvelles parurent, des cloques survinrent encore sur plusieurs bourgeons ; & aussitôt après que les feuilles eurent été supprimées comme à la première fois, les bourgeons se desséchèrent. Les bourgeons non cloqués reprirent leur force, & vinrent à bien. Un autre pêcher cloqué & abandonné à lui-même, n’a plus eu de pucerons à la fin de juin ; mais toutes les nouvelles feuilles poussées après la chute des premières, ont conservé des formes bizarres & contournées jusqu’à la chute générale des feuilles. Si quelqu’un répète