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CHAPITRE PREMIER.

Parallèle du Cochon avec le Sanglier & de la différence de sa graisse avec celle des autres animaux ; de la consistance des soies, & de leur variété ; des proportions.


I. Parallèle du cochon avec le sanglier, & de la différence de sa graisse avec les autres animaux. Le cochon est assez distingué par ses poils roides, qu’on appelle soies, par son museau alongé, & terminé par un cartilage plat & rond, où sont les narines. Il a quatre dents incisives dans la mâchoire supérieure, & huit dans l’inférieure ; deux petites dents en dessus, & deux grandes en dessous : celles-ci sont pointues & creuses, & elles servent de défense à l’animal. Dans le sanglier, les défenses sont plus grandes, le boutoir plus fort, la hure plus longue : il a aussi les pieds plus gros, les pinces plus séparées, & le poil toujours noir. Les premières dents du cochon & du sanglier ne tombent jamais comme dans les autres animaux ; elles croissent, au contraire, pendant toute la vie de l’animal. Le sanglier diffère encore du cochon par l’odorat : les chasseurs savent combien cet animal voit, entend & sent de fort loin, puisqu’ils sont obligés, pour le surprendre, de l’attendre en silence pendant la nuit, & de se placer au-dessous du vent, pour dérober à son odorat les émanations qui s’exhalent de leurs corps & de leurs chiens. Cette différence dans les sensations, ne pourroit-elle pas être attribuée à l’excessive mal-propreté dans laquelle vit le cochon domestique ; mal-propreté qui peut, à la longue, lui faire perdre le sens de l’odorat ?

La graisse du cochon est appelée lard : elle est différente de celle de presque tous les autres animaux quadrupèdes, non-seulement par sa consistance & sa qualité, mais aussi par sa position. La graisse des animaux qui n’ont point de suif, comme le chien, le cheval, est mêlée avec la chair assez également. Le suif, dans le bélier, le bouc, le cerf, n’est qu’aux extrémités de la chair, tandis que le lard du cochon n’est ni mêlé avec la chair, ni ramassé à ses extrémités : il la recouvre partout, & forme une couche épaisse, distincte & continue entre la chair & la peau.

II. De la consistance des soies, & de leur variété. Le cochon, ainsi que nous l’avons déjà dit, est couvert de soies : elles sont droites & pliantes ; leur consistance est plus dure que celle du poil ou de la laine ; leur substance paroît cartilagineuse, & même analogue à celle de la corne. Elles se divisent, à l’extrémité, en plusieurs filets : en suivant les filets, on peut diviser chaque soie d’un bout à l’autre. Les soies, les plus grosses & les plus longues, forment une sorte de crinière sur le sommet de la tête, le long du col, sur le garrot & le corps, jusqu’à la croupe.

Les couleurs des soies sont le blanc, le blanc sale, le jaunâtre, le fauve, le brun & le noir. La plupart des cochons domestiques ont une couleur blanche, en naissant ; mais cette couleur change dans la suite, en ce que les soies prennent, à leur extrémité, une couleur jaunâtre, plus foncée que dans l’état naturel, sans doute, parce que l’animal se vautre souvent dans la poussière & dans la fange. Les plus longues soies ont