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& ceux qui boivent des vins adoucis par la litarge, sont sujets à des coliques qui se manifestent par les signes suivans.

Ceux qui sont attaqués de cette maladie, ressentent, vers le nombril, une douleur des plus lancinantes. Cette douleur, qui arrache les cris les plus aigus, a cela de particulier, qu’elle a ses intermissions, & que les vomissemens, le mouvement, les cris, & l’obligation où sont les malades d’aller à la selle, & de se tourmenter, ne font pas renaître la douleur, & ne l’augmentent pas quand elle existe : la fièvre s’allume quelquefois, & souvent elle ne paroît pas. Quelques malades ont le visage altéré, les yeux éteints, & la physionomie livide & plombée ; le ventre est souple, l’urine coule peu, la constipation a lieu, la peau des extrémités est sèche & écailleuse ; souvent cette maladie se termine par la paralysie.

Les anciens n’ont pas connu cette maladie : Citois, médecin du Cardinal de Richelieu, est le premier qui en ait donné une description exacte.

Le fameux Astruc plaçoit la cause de cette maladie dans la moelle alongée, & il expliquoit, d’après cette idée, les convulsions & la paralysie qui accompagnent & suivent cette maladie.

D’autres ont cru, & nous sommes de ce dernier avis, que les particules métalliques s’insinuent dans les nerfs des intestins. L’expérience parle en notre faveur ; car on ne guérit cette colique, qu’en faisant usage des purgatifs les plus violens, qui vont pénétrer dans la substance nerveuse des intestins, & qui en chassent les portions métalliques, fixées dans leur tissu.

On combat cette maladie par deux méthodes opposées ; par le traitement adoucissant, & par les purgatifs les plus violens. Ces deux moyens ont des succès ; cependant l’observation a prouvé que la méthode des adoucissans étoit plus longue, & entraînoit des suites désagréables après elle, telles que la paralysie, tandis que la méthode active avoit l’avantage inappréciable d’être plus prompte & plus sûre, & de ne laisser après elle aucune infirmité.

Cette dernière consiste à employer les émétiques les plus actifs, & les purgatifs très-violens. Consultez les gens de l’art pour ces cas épineux. M. B.


COLIQUES DES ANIMAUX. (Voyez Tranchées)


COLLAGE DES VINS. (Voyez le mot Vin)


COLLE. Il ne s’agit ici que de la colle de poisson, parce qu’elle est essentielle pour la clarification des vins.

Elle est ainsi nommée, parce qu’elle se tire effectivement de têtes, queues, nageoires, arrêtes, cartilages, peaux, en un mot, de toutes les parties exemptes de chair, de graisse, d’huile, &c. des poissons sans écailles. Les Anglois & les Hollandois seuls la préparent. On doit choisir la plus blanche & la plus transparente : celle qui est un peu colorée, ou jaune, doit être rejetée. On la vend dans les boutiques, sous la forme de petit rouleau, de la grosseur du petit doigt, & plié en différens sens. Elle acquiert cette contraction, cette forme bizarre, en séchant sur les cordes, lorsqu’on l’a fabriquée.