Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/450

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à quelques pieds au-dessous de la saillie ou cordon. Les murs ont beau être bien unis, les gros rats des champs montent par les angles ; mais leurs griffes ne trouvant point de prise, ils sont obligés de se précipiter, parce qu’ils ne peuvent se retourner & descendre. La fenêtre du colombier sera placée au midi, & garnie, par-devant, d’une large banquette, afin que le pigeon puisse s’y reposer lorsqu’il vient des champs, & y prendre le soleil ; ce qu’on appelle s’essoriller. Quoique ce mot ne soit pas admis dans la langue françoise, il est très-expressif. L’intérieur de cette fenêtre doit être bouché par une planche ou une pierre, ou en plâtre, percé de trous proportionnés au volume du corps de l’oiseau. La même banquette régnera également dans l’intérieur. Je n’approuve point la coutume de construire cette fenêtre sur le toit, en manière de lucarne, ou dans la forme d’un petit pavillon. Dans les orages, on court les risques de voir la charpente emportée ou ébranlée, les tuiles dérangées, le mortier crevassé, &c. ; de manière qu’il se forme sans cesse des gouttières qui pourrissent la charpente : d’ailleurs la pluie, poussée par les vents du midi, pénétrant par les trous, dans l’intérieur du colombier, pourrit le plancher, s’il n’est pas carrelé ; & s’il est carrelé, il conserve une humidité nuisible aux pigeons. Il est essentiel que le toit ait une pente considérable, c’est-à-dire, au moins le tiers de pente sur sa longueur, sur-tout s’il est couvert avec des tuiles. La fiente de pigeon se rassemble dans la gouttière formée entre deux rangs de tuiles ; & pour peu que le toit soit plat, cette fiente s’amoncèle de distance en distance, forme autant de petits réservoirs où l’eau s’élève jusqu’au-dessous de la tuile du niveau de la tuile supérieure, excède celui de la tuile en gouttière, & pénètre dans le colombier. Plus le toit aura de pente, plus facilement toutes les ordures seront entraînées. Que les chevrons du toit soient recouverts avec des planches, ou que les chevrons eux-mêmes soutiennent les tuiles, suivant la coutume de plusieurs de nos provinces, il est indispensable que chaque tuile soit noyée dans un bain de mortier : leur arrangement est plus solide, l’eau y pénètre plus difficilement, les vents & les moineaux dérangent moins les tuiles. Cette inclinaison du toit offre aux pigeons un excellent abri, & un lieu qu’ils aiment beaucoup pour s’essoriller, sur-tout si les murs du nord, du levant & du couchant sont parallèles en hauteur, & élevés d’un pied à dix-huit pouces au-dessus de la naissance du toit, dans sa partie supérieure. Cette toiture est, à tous égards, préférable a celle des pavillons à quatre faces : ces faces de toiture sont nécessairement trop inclinées ; le pigeon y repose difficilement, sur-tout si on a employé de l’ardoise ou des tuiles plates.

Lorsqu’un colombier est garni d’un grand nombre de pigeons, il arrive souvent que la transpiration de ces animaux, que leurs excrémens, &c, vicient l’air, & même souvent le corrompent, au point que l’animal y respire avec peine, y languit, périt, & souvent le déserte entièrement. Cela n’est pas surprenant, puisque l’air ne peut s’y renouveler que par la fenêtre située au midi, & ordinairement placée dans la partie