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la hauteur de huit à neuf pouces, on recommence un second rang de boulins, après avoir bien recrépi la face du mur de la première rangée ; & la longueur de chaque tuile, garnie de son petit mur à ses deux extrémités, forme une case ou boulin, & ainsi de suite, jusqu’à la hauteur convenable pour tous les boulins. Il seroit très-imprudent de les conduire jusqu’au toit ; les rats pourroient entrer dans le colombier par les trouées, qu’ils auroient pratiquées sous & dans le couvert, quoiqu’on eût pris toutes les précautions indiquées dans l’article précédent : d’ailleurs, les pigeons n’auroient pas une plate-forme intérieure, pour se promener, se caresser & coucher. Il y aura donc au mains l’espace de dix-huit pouces à deux pieds, du dernier boulin au toit. Dans cette partie supérieure il régnera également une banquette de douze à quinze pouces de profondeur, & qui excédera celle des boulins de quatre à sept pouces ; elle régnera tout le tour du colombier. Cette même banquette se propagera également tout le tour de la fenêtre, par laquelle les pigeons entrent ou sortent. On ne sauroit prendre trop de précautions contre les rats, & autres animaux malfaisans.

Le dedans des boulins, les murs de plâtre qui les séparent, les murs du colombier, ainsi que les planches du toit, ou les tuiles, seront peints en blanc : les pigeons aiment singulièrement cette couleur ; le dehors du colombier le sera également.

Le larmier, dont j’ai parlé dans l’article précédent, sera fermé par une bascule, ou par une coulisse en bois, & la partie extérieure, garnie d’une grille de fer à mailles très-serrées. Une même grille sera ménagée à la fenêtre d’entrée, s’ouvrira dès le grand matin, & sera fermée à nuit tombante. On ne sauroit croire combien les chouettes, les hiboux, les chats-huans détruisent de nichées pendant la nuit, lorsqu’on ne prend pas cette précaution. Heureux sont ceux qui peuvent s’en passer !

Le colombier construit ainsi que je viens de le dire, on se passe facilement d’échelles, nécessaires dans les autres, lorsqu’on veut prendre les pigeonneaux dans le nid. Chaque tuile de boulin forme, pour ainsi dire, un échelon, sur lequel repose le pied, & les mains s’accrochent aux tuiles supérieures ; de sorte que, sans descendre, il est facile de visiter tous les nids. Celui qui veut prendre les pigeons, attache, par un coin, un sac à sa ceinture ; d’une main, il se tient aux boulins, &, de l’autre, il saisit les pigeons, & les met dans son sac.

Il est indispensable de tenir les colombiers dans la plus grande propreté, de les nettoyer au moins tous les mois, ainsi que les boulins. Ce n’est point assez de se servir d’une ratissoire : elle enlève les ordures, il est vrai ; mais elle n’entraîne pas la vermine. Après avoir passé la ratissoire, il convient de passer, dans l’intérieur du boulin, une brosse à poil rude. Cette pratique paroît minutieuse ; cependant elle ne l’est pas.

Les pigeons aiment singulièrement la lavande ; & dans les provinces méridionales, il cassent ses tiges au-dessus des feuilles & au-dessous des fleurs, & en garnissent leurs nids ; leur en fournir, seroit une petite précaution qui leur seroit agréable.

Si l’eau est éloignée du voisinage