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Cette espèce a fourni les variétés suivantes, ou espèces jardinières.

1°. Le concombre vert ou concombre à cornichons. Son fruit est extrêmement petit, & on le destine à la confiture dans le vinaigre.

2°. Le concombre hâtif, moins gros, & plus précoce que le précédent.

3°. Le petit concombre hâtif ou concombre à bouquet. Le fruit naît au sommet des tiges, par bouquet de trois à quatre. Les tiges sont alors droites ; & à mesure que le fruit grossit, elles s’inclinent contre terre, & finirent par ramper, sans beaucoup s’étendre ; ce qui rend cette espèce très-commode pour les couches & pour les cloches qui couvrent presqu’entièrement la tige. La longueur du fruit est ordinairement de quatre à cinq pouces, son diamètre, de deux ; son écorce est jaune.

4°. Concombre vert ou perroquet. Cette dénomination lui a été donnée à cause de sa couleur ; il grossit autant que le concombre commun.

5°. Concombre blanc. Il acquiert plus de volume que tous les précécédens, & même quelquefois du double, dans les provinces méridionales. À mon avis, c’est le plus délicat.

II. Concombre serpent. Cucumis flexuosus. Lin. Quelques auteurs l’appelent Luffa. Sa forme est très-alongée, quelquefois de trois à quatre pieds, sur deux à trois pouces de diamètre. Son extrémité est arrondie, plus grosse que celle qui tient à la queue ou pétiole, & qui est alongée. Son écorce, d’abord verte, est marquée, dans toute sa longueur, par des sillons réguliers & bien distincts. Ce fruit se replie sur lui-même souvent en plusieurs cercles, & quelquefois dans la forme des serpens, instrumens de musique. Lors de sa maturité, sa couleur change, devient paille, & finit par celle de jaune doré. Sa feuille est découpée, & ses tiges velues & grêles. L’estimable auteur de l’année champêtre a eu tort, dans un sens, de critiquer la description donnée par Olivier de Serres. Le père d’Ardene n’a pas connu le concombre, dont parle l’auteur du Théâtre d’Agriculture : c’est le cucumis anguinus. Lin. Voici comment il s’explique : « Autre race de concombre, que de la commune, se void, non sans, esbahissement par son estrange figure, ressemblante celle du serpent, autant naïfvement, qu’on diroit que la nature a voulu là refaire son propre ouvrage. Ces concombres croissent entortillés, de la longueur de quatre à cinq pieds, & davantage, ayans la tête, les yeux, la bouche comme les vrais serpens, (voilà le fabuleux) toutesfois les yeux & la bouche peints sans enfoncement, qui descouvre la chose, en y regardant de près. Leur couleur est universellement barrée, en veines grises, vertes & jaunes. Ils tiennent à la plante par le bout de la queue. L’horreur de leur figure les rend plus admirables que mangeables, encore que leur goût, de lui-mesme, soit aussi bon, que des autres concombres. Leur semence est venue d’Espagne à Toulose. »

Ces deux espèces de concombre sont originaires des grandes Indes. L’auteur de l’École du Jardin potager, & celui du Nouveau Laquintinye, parlent de deux autres espèces jardi-