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soient pas assez beaux, assez bien nourris, en laissant courir les rameaux, voici un moyen meilleur que tous vos retranchemens. Mêlez, par avance, une bonne terre végétale, avec moitié ou un tiers de fumier bien consommé : dans l’endroit où vous auriez arrêté, taillé le bras, ouvrez une petite fosse de six à huit pouces de profondeur, sur un pied ou un pied & demi de largeur ; travaillez le fond de cette fosse, couchez mollement la tige sur cette terre travaillée ; enfin, remplissez la fosse avec cette terre préparée, de manière qu’elle forme par-dessus une espèce de monticule, qui imitera celle formée par les taupes, & ainsi de suite, de distance en distance ; arrosez aussitôt cette terre, pour qu’elle se colle contre les tiges. Par ce procédé, plus conforme au vœu de la nature, on obtient des fruits superbes. Je réponds de l’expérience.

II. Maladie des concombres. On la nomme le meunier, ou le blanc. Elle se manifeste, dans les provinces méridionales, au commencement d’octobre ; & dans celles du nord, en septembre, tantôt plutôt, tantôt plus tard ; cela dépend de l’époque des premières fraîcheurs. Les feuilles se couvrent d’une espèce de poussière blanche, ou farine : les unes se crispent, les autres périssent, & occasionnent la perte du fruit. Cette soustraction de feuilles, opérée par la gelée blanche, & qui fait périr le fruit, prouve de nouveau, ainsi que je l’ai remarqué dans la note précédente, combien il est nécessaire de conserver les feuilles, lorsqu’elles sont en bon état, & démontre combien elles sont nécessaires aux fruits. Le seul remède est de couper alors les feuilles meunières : je les ai souvent laissées sécher sur pied, sans le moindre inconvénient. On prévient le blanc, lorsqu’on couvre les plantes, ou avec de la paille, ou avec des paillassons, dès que l’on craint une nuit ou une matinée froide dans le commencement de l’automne. Ces fraîcheurs sont fréquentes, lorsque le vent du nord règne, & que le vent du sud veut entrer. Ce combat de vents dure quelquefois plusieurs jours de suite, & occasionne souvent des gelées blanches : les premières sont toujours dues à cette cause. Dans cette circonstance, la rosée tombe de très-bonne heure après le soleil couchant : elle est très-abondante, les herbes en sont chargées ; & un peu avant le soleil levant, elle se change en rosée blanche. Si ces rosées sont funestes aux concombres, elles ne nuisent point aux vignes, aux champs, & détruisent, ou obligent les insectes à gagner leur retraite,

CHAPITRE III.

Des propriétés des Concombres.

I. Quant à ses propriétés médicinales, voyez ce qui a été dit au mot Citrouille. Ses semences sont au nombre des quatre semences froides. Le fruit nourrit peu : lorsqu’on en a au-delà de sa provision, on peut en donner aux bœufs, aux vaches, ou cruds, ou cuits à demi avec du son. Toute espèce de volaille mange avec plaisir cette préparation ; mais j’ai observé que les poulets encore jeunes, & qui en avoient beaucoup mangé, avoient le dévoiement, ainsi que les canetons. Si, au son & au concombre, on ajoute des feuilles de