Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/489

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enterrés, avec leurs peaux, dans des fosses très-profondes.

7°. De ne point traîner sur la terre les cadavres des animaux infectés : il faut, au contraire, les conduire, & les tuer au bord des fosses qui doivent les recevoir. S’il en est quelques-uns qui meurent dans les étables, on les conduira sur des charriots qui n’auront point d’autre usage. Les fosses seront pratiquées dans des lieux écartés, & éloignés du passage des bêtes saines : elles auront au moins dix pieds de profondeur ; on les remplira de terre bien battue : si, dans la suite, il s’y forme des crevasses, il faudra les remplir. Ces endroits seront entourés de pierres & d’épines, ou bien de petits murs, pour en défendre l’accès aux animaux sains, qui pourroient, dans la suite, y reprendre l’infection en cherchant leur pâture au milieu des exhalaisons putrides.

8°. De ne point laisser périr & pourrir, en pleine campagne, les animaux malades. Cette imprudence, qui n’est malheureusement que trop commune à la campagne, rend les maladies durables, & de plus en plus contagieuses : les chiens & les animaux carnassiers étant attirés par ces charognes, portent la maladie, & la répandent de tous côtés.

9°. De se garder des animaux domestiques. On est fondé à croire que les chiens, les chats, les moutons, les poules, &c. portent la contagion d’une étable à l’autre : c’est souvent ce qui fait périr tous les animaux du village, lorsqu’il en est attaqué sans en connoître la cause.

10°. De nettoyer parfaitement les étables des animaux infectés, de les purifier par des fumigations, de les gratter & de les laver par-tout. On peut employer, pour les lavages, le vinaigre, ou bien une eau antiputride, qu’on peut préparer soi-même, à peu de frais, en mettant un gros d’huile de vitriol dans une pinte d’eau. Cette liqueur peut servir à laver les auges, les chariots, les seaux & autres ustensiles. Pour purifier l’air des étables, il est prouvé que les vapeurs acides sont préférables aux fumigations aromatiques : celles-ci ne servent qu’à dissiper la mauvaise odeur, sans corriger la nature de l’air. Pour cet effet, on met, dans une terrine, du sable ou des cendres, dans lesquelles on place un verre à moitié rempli de sel marin ; on chauffe le tout, & on le porte dans l’étable que l’on veut désinfecter ; on verse sur le sel environ une once d’huile de vitriol, & on se retire, en fermant la porte & les fenêtres. Les baies de genièvre, macérées dans le vinaigre, & exposées sur des charbons ardens, peuvent aussi remplir le même objet.

11°. De passer des sétons & des cautères au poitrail des chevaux, ou au fanon des bœufs. Tous les médecins se réunissent ici pour donner le même avis : Ramazzini dit que tous les bestiaux de M. Borromée moururent, excepté un, auquel on avoit fait un séton ; Lancisi fait grand cas de ce moyen préservatif. M. Leclerc dit qu’il n’a vu périr aucun des bestiaux auxquels, de bonne heure, on avoit fait un séton. Nous sommes convaincus journellement, par notre expérience, de l’utilité de ce moyen. En plaçant un séton, ou un cautère, on ne fait que seconder la nature : c’est pour cette raison, dit M. Vicq-d’azyr, que les mendians ou autres