plus ingrat, à celles qui ont cru dans le plus fertile terroir.
Ces expériences ayant si bien réussi à M. Bonnet, il a voulu essayer de priver absolument le germe, de la nourriture préparée par les lobes, même avant sa sortie de terre, & de l’abandonner entièrement aux sucs terrestres. Cette expérience devoit nécessairement conduire à la démonstration évidente de l’utilité des cotyledons pour la jeune plante. Il enleva donc le germe d’entre les lobes, & coupa avec la pointe d’un scalpel, les deux faisceaux de fibres qui le réunissent avec eux. Cette opération réussit facilement, si l’on a soin de mettre la fève quelque jours auparavant dans une éponge imbibée d’eau. L’humidité la fait enfler, & il est alors plus facile de diviser les lobes & d’en séparer le germe sans l’offenser. Le germe est un petit corps de trois à quatre lignes de longueur, de figure conique, & d’un blanc assez vif ; ses feuilles artistement ployées les unes dans les autres, sont inclinées vers la racine.
Le 10 du mois d’août, il planta un certain nombre de ces germes dans un vase plein de terre de jardin. Il ne négligea aucun soin pour faire réussir cet essai, & l’expérience combla ses desirs. Tous les germes prirent racine ; mais il fallut douze jours pour se redresser & se déployer, il auroit été difficile alors de reconnoître ces plantes pour ce qu’elles étoient, & un botaniste qui auroit démêlé qu’elles étoient des haricots, les auroit pris pour une nouvelle espèce de haricot nain, remarquable surtout par son extrême petitesse. Le 19 octobre elles commencèrent à fleurir, & ce fut alors que M, Bonnet les compara avec des haricots de même espèce & de même âge, mais qui n’avoient subi aucune opération. La hauteur de ces derniers étoit d’un pied & demi ; leurs plus grandes folioles avoient sept pouces de longueur & cinq de largeur. La hauteur des premiers n’étoit que de deux pouces ; leurs plus grandes folioles n’avoient que quinze lignes de longueur sur sept de largeur. Les fleurs étoient d’une grandeur proportionnée & en fort petit nombre. Les premiers froids arrêtèrent leur développement & ces petites plantes périrent.
C’eût été une expérience très-curieuse, de semer les graines que ces très-petits haricots auroient produit, s’ils eussent été plantés plutôt. Les plantes qui seroient provenues de ces graines, auroient, sans doute, participé à la petitesse de leurs mères ; mais dans quelle proportion ? Et s’il eût été possible de faire, sur les germes de cette seconde génération, la même expérience que sur ceux de la première, quelle dégradation n’auroit-on pas occasionné par-là dans la taille de quelques individus ! Comme elle seroit très-difficile sur de très-petites fèves ; on pourroit se borner à retrancher les feuilles séminales à un certain nombre d’individus, immédiatement après leur sortie de terre.
La conclusion que l’on doit tirer de ces charmantes expériences, c’est que les cotyledons considérés, & comme lobes dans le sein de la terre, & comme feuilles séminales, sont de la plus grande utilité pour la nourriture de la jeune plante.
Il ne nous reste plus à remarquer, au sujet des cotyledons, que M. de Jussieux a établi sur leur présence,