Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/529

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pour laisser diminuer l’humidité, les plantes courent grand risque de pourrir : il faut donc, aussitôt qu’on le peut, donner de l’air au moins pendant quelques instans, & le donner avec grande précaution.

VII. Des couches sourdes. Celles-ci conservent mieux leur chaleur que les couches élevées, parce que leur surface seule est en prise à l’action de l’air. Si cette couche est faite sur un sol naturellement humide, cette humidité, excellent conducteur de la chaleur, en dépouillera bientôt la couche. On doit donc choisir un terrein sec, pierreux, sablonneux, & pour les raisons énoncées ci-dessus, faire un encaissement en bois. La longueur & la largeur sont indifférentes, puisqu’on ne peut leur donner des réchauds. Quant à la profondeur, une fouille d’un pied suffit ; & la terre, jetée sur les bords de droite & de gauche, l’exhaussera encore, si l’on veut, & empêchera l’eau des pluies d’y pénétrer.

La conduite des couches exige un jardinier exercé à ce genre de culture ; autrement il brûlera beaucoup de plantes, & en fera geler un grand nombre.


COUCHES LIGNEUSES, Botanique. S’il est un phénomène, dont la solution soit intéressante en physiologie végétale, c’est, sans contredit, la production des différentes couches ligneuses dont les arbres sont composés. Un très-grand nombre de physiciens ont cherché à le résoudre : presque tous offrent non-seulement des raisonnemens, mais encore des faits & des expériences qui semblent démontrer leur sentiment, ou du moins qui lui donnent cet air de vraisemblance, qui approche si fort de la vérité, que souvent on les confond. Se sont-ils tous trompés, & l’apparence les a-t-elle conduits d’erreurs en erreurs ; ou bien la nature a-t-elle plus d’un moyen de parvenir à ses fins ? Je serois porté à le croire ; & plus on étudie ses opérations & sa marche dans le règne végétal, plus on admire sa fécondité dans ses moyens, & sa sureté dans son exécution : développement, germination, accroissement, fécondation ; en un mot, dans tout ce qu’elle fait, elle se propose, à la vérité, un seul but, celui de la réproduction & de la conservation de l’espèce végétale ; mais elle emploie mille ressorts, mille combinaisons, dont, à peine connoissons-nous les plus simples. La difficulté & les épines dont est semé le sentier qui conduit à son sanctuaire, le voile épais & l’obscurité dont il est perpétuellement couvert, doivent-ils nous décourager, nous arrêter, & suspendre nos efforts ? Non, certes, & les vérités que nous avons déjà découvertes, doivent être pour nous un aiguillon sans cesse agissant, qui redouble notre ardeur.

Si l’on scie un arbre un peu considérable horizontalement, on remarque, sur les deux parties sciées, des couches concentriques, qui se distinguent, les unes des autres, par un tissu plus ou moins serré, & par une couleur différente de celle des parties qui séparent ces zones. Si, par le moyen d’un rabot ou d’un autre instrument, on polit la surface sciée, on apperçoit encore des filets qui, partant de la moelle de l’arbre, se propagent à travers les couches ligneuses, & parviennent enfin jusqu’à l’écorce. Au