Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/591

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procédés, en suivant sa nouvelle méthode d’ensemencer. Il avoit planté des pommes de terre, selon l’usage ordinaire, dans la moitié d’un champ maigre, mais bien fumé : l’autre moitié fut plantée par planches, & labourée quatre fois pendant que les pommes étoient en terre. Ces pommes de terre parurent d’abord mieux réunir dans sa partie du champ semée à l’ordinaire : dans la suite, celles qu’on avoit plantées & cultivées selon sa méthode, profitèrent tellement, que la récolte est fut très-abondante ; tandis que les autres ne méritoient pas qu’on prît la peine de les arracher. Ce n’étoit pas le cas de tirer de ces expériences des conséquences pour les blés. Il seroit trop long de démontrer leur fausseté.

L’espace laissé par M. Tull, entre les planches, devant être labouré pendant que les plantes croissent ; il conseille de le laisser plus considérable pour les plantes hautes en tige, & pour celles qui restent long-temps en terre, que pour celles qui sont basses, ou qu’on recueille plutôt. Le froment, par exemple, eu égard à la hauteur de sa tige & au temps qu’il demeure en terre, exige un plus grand espace que les autres grains : il laisse ordinairement six pieds de plate-bande, entre les billons de cette espèce de grain. Après l’hiver, il fait donner un labour de culture avec la houe à chevaux, au terrein qui sépare les planches ou les billons : la terre qui s’étoit durcie, s’ameublit par cette culture, de sorte que Les racines ont la facilité de s’étendre. En donnant trois ou quatre labours aux plantes pendant qu’elles croissent, M. Tull prétend qu’elles profitent considérablement ; les tuyaux ayant la nourriture dont ils ont besoin pour se développer, se fortifient & produisent des épis très-fournis de grains. M. Tull fait toujours donner le dernier labour dans le temps que le grain commence à se former dans l’épi, persuadé que c’est le moment où il a besoin d’une plus grande quantité de substance, dont il seroit privé sans le secours des labours de culture.

L’auteur ne regarde point le choix de la semence comme une chose indifférente au produit qu’on en attend ; il est dans l’usage de préférer celle qu’on a recueillie dans un terrein meilleur que celui qu’on veut ensemencer. Il choisit les grains d’une terre bien cultivée, préférablement à ceux d’une autre qui l’est mal. Au reste, il assure qu’en suivant sa nouvelle méthode, on est dispensé dans la suite de changer de semence ; parce que sa manière de cultiver est la plus propre pour détruire les mauvaises herbes, & pour faire produire aux plantes des grains d’une bonne qualité.

Suivant cet exposé, il est donc certain que M. Tull regarde les engrais comme très-inutiles pour contribuer à la fertilité des terres ; il croit que les seuls labours suffisent à la production des récoltes très-abondantes.

Pour ensemencer les terres dans une saison convenable, M. Tull se règle sur leurs différentes qualités : quand elles sont légères, il fait les semailles presqu’aussitôt que la moisson est finie. Il n’ensemence, au contraire, les terres fortes que dans le courant du mois d’octobre ; 1°. parce qu’il leur fait donner des labours de préparations, à larges & profonds sillons ;