Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/590

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaut mieux labourer quand la terre est trop-sèche, que lorsqu’elle est trop humide : dans la première circonstance on ne peut point nuire à la fertilité du sol ; on peut, il est vrai, risquer de briser les charrues ; mais en employant celle à quatre coutres, on n’est point exposé à ce danger ; au lieu que, dans la seconde circonstance, on durcit exactement la terre, qui permet alors difficilement aux racines de s’étendre.

Par la manière dont M. Tull divise une pièce de terre pour l’ensemencer, il est facile de donner des labours de culture aux plantes, pendant qu’elles croissent. Il se sert pour cet effet de la houe à chevaux, qu’il fait passer dans les plates-bandes qui sont entre les billons. Il donne le premier labour de culture au mois de mars, & plusieurs autres jusqu’à la moisson, relativement à la dureté du terrein, & aux mauvaises herbes qu’il peut produire.

II. De l’ensemencement des terres. Peu satisfait de la manière ordinaire d’ensemencer les terres, & persuadé qu’une partie de la semence, ou est enterrée trop profondément, ou ne l’est pas assez ; enfin, qu’elle n’est point distribuée régulièrement, notre auteur a imaginé un instrument qu’il nomme dril, c’est-à-dire semoir, qui fait des sillons où les grains sont placés à une distance convenable les uns des autres, & enterrés à la profondeur qu’on a jugée à propos. Cet instrument distribue la quantité de semence nécessaire, enterre les grains en couvrant les sillons. (Voyez sa description au mot Semoir) Toutes les espèces de grains ne levant point quoique placés à la même profondeur, on dispose le semoir de façon que les grains sont enterrés autant qu’il est nécessaire pour avoir la facilité de germer. M. Tull désire qu’on fasse soi-même des expériences pour s’assurer à quelle profondeur il faut placer la semence pour qu’elle germe & lève facilement. Il propose les plantoirs avec des chevilles qui les traversent à un, deux, trois, quatre pouces, &c. de leur extrémité qui entre dans la terre : la cheville qui arrête le plantoir, détermine la profondeur du trou. Après s’être assuré, par ces expériences, à quelle profondeur les grains doivent être enterrés pour lever ; on dispose le semoir de façon que les grains sont placés précisément à la profondeur qu’on a jugée convenable.

En divisant une pièce de terre par billons, on forme des planches dans lesquelles on sème trois ou quatre rangées de grains, en laissant entre les planches ou billons, un espace qu’il nomme plate-bande, sans être semé, afin de pouvoir cultiver les plantes à mesure qu’elles croissent. La largeur de cet espace varie selon l’espèce des plantes : pour le froment, il est assez communément large de cinq à six pieds. Le semoir devant être disposé pour distribuer plus ou moins de grains dans les billons, relativement à chaque espèce, il veut qu’on observe la place que doit occuper une plante forte & vigoureuse de l’espèce de grain qu’on sème, parce qu’il prétend qu’en suivant sa méthode, les végétaux parviennent au meilleur état où ils puissent arriver.

Afin de prouver par des faits la vérité de ce principe, M. Tull rapporte une expérience qu’il a faite pour s’assurer de la bonté de ses