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les meilleurs de tous, suivant notre auteur ; ils sont destinés, par la nature même, à réparer le terreau qui se décompose, & à fertiliser nos terres.

M. Fabroni considère la craie, comme le meilleur des engrais minéraux : elle fournit promptement, & en grande quantité, les principes qui fertilisent les terres, & contribuent efficacement à la végétation des plantes. Il croit qu’on ne peut employer la chaux comme engrais, qu’autant qu’elle est capable de produire les mêmes effets que la craie ; de même, les marnes, &c. dont on se sert pour améliorer les terres, ne remplissent cet objet qu’en raison du plus ou moins de craie qu’elles contiennent.

Il n’y a point d’engrais qui réunisse autant d’avantages que les cendres. (Voyez ce mot, & ce qu’il faut en penser) M. Fabroni est persuadé qu’elles conviennent à toute sorte de terres : elles les rendent fertiles pendant plusieurs années, sans autre secours. Leur effets ne consistent pas seulement à ameublir la terre, & à y porter des principes de fertilité ; elles sont encore très-propres pour empêcher la multiplication des vers, des insectes ; pour détruire la mousse, les lichens qui étouffent l’herbe des prés ; pour garantir les blés de plusieurs maladies, principalement de la nielle & du faux ergot. Pour employer les cendres avec succès, M. Fabroni est du Sentiment de les mêler avec différens amendemens fossiles, suivant le nature du sol qu’on veut fertiliser : voici comment il conseille de faire ce mélange. « Pour les terres légères & chaudes, on devroit les mêler avec une certaine portion d’argile ; pour les terres fortes, il le faudroit avec de la craie ; pour les terres sablonneuses, de l’argile pourrie ; & pour les argileuses, du gravier & de la craie. La méthode d’en faire usage, seroit celle de les répandre sur le sol avec la semaille, ou bien d’en couvrir la semaille. Pour les vignobles, on ne doit les employer que lorsque les vignes, (Voyez ce mot, & ce qu’on doit penser des engrais) ont poussé les feuilles. Quant aux prés, le mieux est de les jeter sur le sol, au commencement du printemps ».

Quoique M. Fabroni ait démontré l’excellence des cendres pour amender les terres, il n’approuve point l’usage qu’on a de brûler les plantes à moins qu’elles ne soient dures & ligneuses. Lorsqu’on se contente d’enterrer les végétaux, ou qu’on les laisse simplement sur le terrein ; pénétrés par l’humidité, frappés par la chaleur du soleil, ils se décomposent par une fermentation lente : alors le gas nourricier qu’ils contiennent en abondance, est tout mis à profit, parce qu’il ne s’échappe que peu à peu. La seule circonstance, où l’incinération puisse être utile, est, suivant M. Fabroni, lorsqu’on met le feu aux chaumes après la moisson : souvent même il arrive que le terrein n’en reçoit pas un grand avantage, parce que les cendres sont dispersées par le vent, ou entraînées par les pluies.

En faisant l’analyse des différentes méthodes de culture qui sont en usage, notre but a été, 1°. de présenter un tableau des systêmes des agronomes qui ont écrit sur cet art ; 2°. de montrer les progrès qu’on a