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banc ou colombe, afin qu’il ne reste point de vide lorsqu’on la présentera à la douve voisine ; en un mot, si chaque pièce est exactement saine d’un bout à l’autre, & si elles sont toutes de la même épaisseur. On payera bien cher dans la suite ces manques d’attention ou de confiance aveugle dans l’ouvrier.

Un des points importans est que le jable ou rainure, ménagé dans la partie inférieure de la douve, soit large, profond, proportion gardée avec l’épaisseur du bois, & que le clain de la douve le remplisse exactement.

Toutes les pièces qui forment le fond doivent être goujonnées, c’est à-dire, garnies de chevilles qui les réunissent les unes aux autres par le plan de leur épaisseur ; ce que j’ai dit des douves de la circonférence, s’applique encore plus essentiellement à celles du fond, parce qu’une fois en place, on n’a plus la facilité de les examiner & d’y remédier comme à celles des côtés.

Chaque douve des encoignures doit être taillée en équerre & d’une seule pièce, afin de recevoir les deux douves ses voisines. Si les coins étoient formés par la réunion des deux douves, il seroit bien difficile que la liqueur ne coulât pas ; les coins seroient toujours mal serrés par les bandes.

Toutes les douves d’une cuve quarrée, sont maintenues par quatre rangs de liens ou bandes. La plus inférieure appuie contre les douves du fond, & entre cette extrémité, il reste au moins un espace de quatre à cinq pouces. Cet espace est garni par des traverses de même épaisseur qui soutiennent le fond, & ces traverses & le bas des douves, & le bas du lien portent sur des pièces de bois sur lesquels la cuve est montée : on peut suppléer ces pièces de bois par des piliers en maçonnerie ou par des murs. Le grand point est que sous la cuve il règne un grand courant d’air & point d’humidité, si on veut en garantir le fond de la moisissure qui entraîne bientôt la pourriture. La seconde bande est placée à peu près à un pied au-dessus de la première ; la troisième & la quatrième à la même distance.

On appelle bande ou lien, une planche de chêne ou de châtaignier de trois à quatre pouces d’épaisseur, sur une longueur proportionnée au diamètre de la cuve & de six pouces de hauteur, mais qui doit excéder ses bords au moins de huit pouces de chaque côté.

Ce lien, (Figure 1, Planche 17, page 607) est percé en A d’une mortoise & garni à son extrémité B, d’un tenon percé dans son milieu d’un trou pour recevoir la clef C. À présent, en supposant ces quatre liens taillés ainsi, on voit qu’une partie est emboîtée, & que l’autre emboîte celle qui s’en rapproche. Ainsi, dans la mortoise A, entre le tenon B du lien voisin, & ainsi successivement, de manière, que lorsque les clefs C sont placées, les quatre liens sont assujettis les uns contre les autres ; ils touchent alors par tous les points les douves des quatre faces : comme les clefs sont faites en coin, plus on les enfonce, & plus les quatre liens serrent les douves ; le tenon B doit être garni d’un petit cerceau de fer à son extrémité, afin que la clef chassée fortement par le marteau, ne le fasse pas éclater. Si la mortoise A occupe