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que cette aigreur est quelquefois accompagnée de la toux, de la constipation & du ténesme ; & en poussant ses recherches plus loin, si le mal a déjà fait beaucoup de progrès, il lui trouvera une soif excessive & un appétit dévorant, ce qui sera pour le médecin, un présage non équivoque de l’existence d’une liqueur acide & érugineuse contenue dans les premières voies.

Si c’est le cheval qui éprouve la sensation qu’elle y produit, il frappera du pied, il hennira, il cherchera dans sa mangeoire ; si quelqu’un entre dans l’écurie, il renouvellera ses instances en regardant le râtelier.

Si c’est le bœuf, il mugira & mangera jusqu’à sa litière à demi-pourrie ; l’un & l’autre boiront avec une avidité surprenante.

Les dartres peuvent être aussi l’effet, ou de la résolution d’une maladie quelconque, ou d’un vice qui a son siége dans le foie.

Quelques multipliés que soient les faits des maladies qui se portent à la peau, on se bornera à un seul trait. Un particulier des Granges de Pierre-Fontaine-les-Vautrans en Franche-Comté, avoit un veau qui étoit attaqué d’une fausse péripneumonie, dont l’humeur morbifique se porta à la peau. Toute l’habitude du corps de cet animal se couvrit, pour ainsi dire, de croûtes horribles qui tomboient par écailles. La faim & la soif qu’il éprouvoit étoient si cruelles, qu’il rongeoit sa mangeoire & s’élançoit contre les personnes qui l’approchoient, en ouvrant la bouche, tirant la langue & la repliant. Lorsqu’on lui donnoit un peu de fourrage, il le mangeoit avec une voracité étonnante, & ne se trouvoit point entièrement désaltéré même par les boissons abondantes.

Si au contraire le bœuf, la vache, ou le veau est attaqué de dartres, & qu’en élevant la queue, on apperçoive la face externe de l’orifice de l’anus affectée d’une couleur jaune, il est à présumer que l’éruption provient d’un vice dont le foyer est dans le foie. (Voyez Jaunisse des bœufs)

Lorsqu’enfin l’on est assuré que les pères ou les mères des animaux qui ont des dartres, en étoient infectés, pour ce cas, v. Maladies héréditaires. Mais si elles leur ont été communiquées par d’autres individus dartreux, quelque légère, ou quelque violente que soit l’infection, il est à propos de les traiter de même que s’ils les avoient acquises par quelqu’une des positions contre-nature, qui ont été décrites. (Voyez Maladies contagieuses, & Préservatifs)

D’après ces notions on entrevoit plusieurs sources d’où peut émaner cette acrimonie acide qui produit une multitude de maladies d’espèces différentes, telles que les dartres, la gale, le roux vieux, le farcin, les eaux, les obstructions, les convulsions, l’irritation du cerveau & des nerfs, le dérangement total de la circulation, &c.

La façon de remédier aux funestes effets qu’elle occasionne dans la masse des humeurs & dans le tissu de la peau, consiste à nourrir les animaux qui en sont attaqués, d’alimens antiacides, & à employer des médicamens propres à absorber, délayer, émousser, & à évacuer les acides qui sont contenus dans les premières & secondes voies.

L’administration des sels d’ab-