Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/668

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(Voyez le mot Étang) Si je proposois à un hollandois un pareil desséchement, il me répondroit qu’au moyen d’un pouldre ou moulin-à-vent, qui élève les eaux à une certaine hauteur, il viendroit facilement à bout de mettre à sec ce sol humide, & de le convertir en un bon pâturage. C’est ainsi que ces industrieux cultivateurs sont parvenus à dessécher la Hollande, & à se procurer des prairies immenses.

Ce n’est pas assez d’avoir rempli les conditions énoncées ci-dessus, il faut encore enclore l’endroit à défricher par des haies vives. (Voy. ce mot) Elles garantiront le champ des incursions des animaux, formeront des abris, à leur pied des amas de terre végétale, & si elles sont bien entretenues, elles fourniront par la suite plus de bois à brûler lors de leur tonte, que l’on n’en couperoit sur une pareille étendue de terrein plantée en bois taillis ; l’espace occupé par les haies n’est donc point un espace perdu.

Les défrichemens ont pour objet, ou des étendues très-considérables ou de petites portions de terrein. Dans le premier cas, l’endroit est ou éloigné des habitations, ou en est rapproché ; la même distinction a lieu pour le second cas.

L’éloignement des habitations rend les défrichemens infiniment coûteux, cependant il est facile d’éviter cet excès de dépense. Personne n’entreprend de grandes opérations, sans auparavant avoir levé le plan de son terrein, & avoir déterminé chaque portion au genre de culture qui paroît la plus favorable ; ensuite on s’assure, par les nivellemens, de la situation du local, afin de donner aux eaux un écoulement naturel ainsi qu’il a déjà été dit. D’après ces dimensions, il est probable, & même il convient que les bâtimens qui doivent composer la métairie, soient placés au centre, & que le plan de ces bâtimens soit tracé sur le papier, de manière qu’il reste seulement à mettre la main à l’œuvre. Un plan général ainsi conçu après de mûres réflexions, réunira le tout dans un ensemble dont chaque parties correspondront les unes avec les autres, & préviendra de grands remuemens de terres aussi inutiles que coûteux.

Sur le lieu où seront dans la suite placés les bâtimens de la métairie, commencez à élever la partie qui formera une des écuries, & construisez de manière qu’il n’y ait pas à y retoucher. Cette portion de bâtimens servira d’hangar, lorsque vous commencerez le défrichement ; de logement & de cuisine aux ouvriers, enfin de retraite aux animaux.

Après une telle précaution, il ne reste plus qu’à conduire les ouvriers sur les lieux, & à convenir avec eux qu’ils retourneront à la ville ou au village seulement le samedi soir, reviendront coucher le dimanche soit, & apporteront leur nourriture pour toute la semaine. Sous quelque prétexte que ce soit n’entreprenez pas de les nourrir ; vous aurez beau dépenser le double qu’eux, ils ne seront jamais contens ; vous doublerez vos frais en pure perte, & ils ne vous en sauront aucun gré ; payez en argent, & vous saurez ce que vous dépenserez.

Si le défrichement est d’une étendue médiocre, dans un lieu éloigné, & qu’on ne soit pas dans l’intention d’y construire par la suite une habitation,