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des dents chez les chevaux qui outrepassent ce terme.

Des chevaux bégus. Il est des chevaux & des jumens que l’on croit être bégus, c’est-à-dire, qui marquent toujours. Cette assertion est fausse : il est des chevaux qui, à la vérité, peuvent marquer plus longtemps ; mais il y a toujours des indices certains de l’âge par la longueur des dents, par leurs sillons, leur figure, leur couleur & leur implantation.

Des chevaux contre-marqués. Il y a des chevaux contre-marqués. Nous appelons de ce nom, ceux dans les dents desquels les marchands ou les maquignons pratiquent une cavité artificielle, quand le cheval a rasé, avec un burin d’acier, semblable à celui que l’on employe pour travailler l’ivoire. Cette fraude n’en impose qu’à ceux qui ne considèrent pas attentivement les dents. L’objet du maquignon, en faisant cette opération, est de persuader à l’acheteur, que le cheval qu’il a contre-marqué, n’a pas huit ans ; mais il est très-facile de reconnaître la fraude par les traits du burin, par la facilité d’enlever la marque noire, ou le germe de fève, imité avec l’encre grasse qui a été versée dans le trou factice ; ou bien par l’impression du feu, que l’on remarque, par un cercle jaunâtre, aux environs de cette même cavité, surtout si l’on a le soin de nettoyer les dents, de l’écume excitée par la mie de pain séchée & mêlée avec du sel, que le maquignon met dans la bouche du cheval. Au surplus, tous les indices d’une vieillesse certaine, autres que ceux dont nous avons parlé, & auxquels la plupart des gens de la campagne se rapportent encore, sont absolument faux. Tels sont, celui d’un nouveau nœud, ou d’une nouvelle vertèbre de la queue, que l’on croit survenir à l’âge de quatorze ans, celui des salières creuses, des cils blancs, des plis comptés à la lèvre supérieure, plis qu’on dit être en même nombre que les années du cheval. Tels sont encore les plis conservés à la peau de l’épaule lorsqu’on l’a pincée, &c. &c.

Des maladies occasionnées par la sortie des dents. La sortie ou l’éruption des dents, & sur-tout celle des crochets, est extrêmement douloureuse. Elle cause des flux de ventre, des diarrhées, des coliques, & quelquefois l’obscurcissement de la vue. (Voyez Coliques, Diarrhée, Obscurcissement de la vue) Les dents sont aussi sujettes elles-mêmes à se carier. (Voyez Carie) Nous voyons même assez souvent des chevaux qui ont des surdents, c’est-à-dire, des dents surnuméraires, poussées à l’une & à l’autre mâchoire, soit en dedans, soit en dehors. Ces dents s’avancent quelquefois tellement en dedans ou en dehors, que n’étant pas dans leur situation naturelle, elles incommodent considérablement le cheval. On les appelle, pour cette raison, dents de loup. Il est possible de réparer cette difformité, en coupant, avec un ciseau approprié, tout ce qui excède de la dent.

Nous nous dispensons de joindre ici la dentition du bœuf, du chien & du mouton, d’autant plus qu’on la trouvera dans chacun de ces articles. Ainsi, voyez Bœuf, Chien, Mouton. M. T.