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évacuation abondante de matières alimentaires non digérées ; le malade est sujet aux nausées, à la soif, à la faim canine ; parce que, comme aucune partie des alimens ne séjourne dans l’estomac, ce viscère est dans une irritation continue, & éprouve toujours ce sentiment particulier qui constitue la faim ; le fondement est quelquefois déchiré par l’âcreté des matières qui s’écoulent, les matières altérées donnent des tranchées, l’air s’en dégage, le corps maigrit & se dessèche, & la peau est brûlante, parce que les humeurs ne sont pas renouvelées ; l’insomnie s’empare du malade, & il succombe à la fièvre lente.

Cette maladie est si souvent la compagne du scorbut, (voyez ce mot) elle est toujours grave, elle trouble une des fonctions les plus intéressantes, celle par laquelle le corps se renouvelle à différentes parties du jour : on ne guérit jamais cette maladie chez les vieillards, & quand il y a gonflement, douleurs & obstruction dans le ventre.

On ne guérit sa lienterie que quand elle succède à la diarrhée, ou quand elle est le produit du scorbut léger & peu ancien. Il faut faire prendre au malade de légers toniques pour donner aux parties plus de forces : on conseille les calmans, quand les insomnies sont constantes & menacent de jeter le malade dans l’extrême foiblesse ; le sommeil qu’ils excitent répare les forces épuisées ; d’ailleurs l’usage des calmans est d’arrêter les évacuations trop abondantes, & ces remèdes sont très-nécessaires dans cette maladie.

On fait prendre au malade les infusions des plantes amères, & stomachiques, les deux eupatoires, la sanicle, la bugle, la petite centaurée, l’absinthe ; puis on lui fait faire usage des sucs de ces plantes, pour purifier le sang épuisé & corrompu ; il faut couvrir le ventre avec les peaux d’animaux ; si le malade n’est pas trop foible, on lui fait prendre de l’exercice ; on fait des frictions sèches sur tout son corps, on l’expose aux vapeurs des herbes émollientes, afin de rétablir la transpiration ; on applique des vésicatoires pour détourner l’humeur des intestins, on rend au ventre sa souplesse en le frottant avec l’huile de laurier. Il faut éviter que le corps, & sur-tout que le ventre soit exposé au froid : les humeurs se portent alors à l’intérieur, & vont augmenter le désordre qui règne déjà.

L’émétique, l’ipécacuanha, surtout, doit être donné dans le principe du mal ; on peut le donner une seconde fois, mais il ne faut pas abuser de ce moyen, si on voit qu’il ne produit pas les bons effets qu’on en attendoit.

Les purgatifs doux, les eaux minérales rendues purgatives, sont de bons moyens ; à la tête des purgatifs, il faut placer le catholicon double ; les eaux minérales de Forges, de Balaruc, à petite dose, réussissent dans la lienterie. En général, il faut avoir pour principe dans les maladies du bas ventre, de continuer les mêmes remèdes longtemps, & d’augmenter leur dose par degré : le régime doit être le même que celui que nous avons fixé dans la diarrhée. M. B.


Dévoiement ou Diarrhée Médecine Vétérinaire. La diarrhée est une maladie dans laquelle les