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matières fécales sont évacuées plus fréquemment que dans l’état naturel, & sortent sous une forme liquide.

Cause. Tout ce qui peut troubler la digestion, affoiblir l’estomac, dépraver les sucs digestifs, accumuler, dans les premières voies, des crudités & de la saburre, provoque immédiatement la diarrhée.

Nous allons traiter en particulier de la diarrhée du cheval, du bœuf & du mouton.

Diarrhée du cheval. Elle a lieu ordinairement dans cet animal, 1°. lorsqu’après avoir eu chaud, il boit d’une eau extrêmement fraîche, telle que l’eau de puits ou de neige ; 2°. lorsqu’il a brouté de l’herbe couverte de rosée, ou lorsqu’il en a trop mangé.

Dans cette espèce de diarrhée, les matières n’ont point une couleur extraordinaire, elles ne donnent pas une odeur fétide, & le cheval boit & mange comme de coutume ; nous observons pour l’ordinale, qu’elle ne passe pas les quarante-huit heures. Quand même elle outre-passeroit ce terme, si les forces musculaires & vitales ne paroissent pas diminuer, si l’appétit se soutient, elle n’est pas à craindre.

Traitement. Il seroit dangereux d’arrêter le cours de cette diarrhée, qu’on doit regarder comme salutaire ; mais si l’animal a de la fièvre, s’il est triste, dégoûté, & si dans les matières fécales, on y apperçoit comme des raclures des boyaux ; s’il a des tranchées, il faut appaiser l’inflammation des intestins, & en modérer la chaleur, en donnant à l’animal des breuvages pris dans la classe des mucilagineux, composés d’une once de racine d’althéa, & de deux onces de graine de lin pour chaque breuvage, qu’on fera bouillir dans environ quatre livres d’eau commune, jusqu’à ce que la graine de lin soit crevée. On ne donnera à l’animal, pour toute nourriture, que du son mouillé, du bon foin, observant de lui retrancher l’avoine pendant tout le temps du traitement.

Si l’on apperçoit que l’animal ait des coliques violentes lors des déjections, & que les matières soient sanguinolentes, on doit administrer les remèdes qui font propres à la dyssenterie. (Voyez Dyssenterie)

Diarrhée du bœuf. Le bœuf est également sujet à la diarrhée, & elle reconnoît les mêmes causes que celles que nous avons indiquées en parlant de la diarrhée du cheval ; elle est quelquefois dangereuse, si on la néglige. Il importe donc beaucoup aux cultivateurs, d’en distinguer l’origine, afin de la modérer, de l’arrêter, d’en prévenir les suites fâcheuses, en administrant les remèdes convenables.

Dans la diarrhée donc qui survient ordinairement au bœuf, pour avoir mangé du foin, de la paille moisis ou gâtés, &c. & qui dure plusieurs jours avec amaigrissement sensible, outre les alimens de bonne qualité, & le son mouillé avec du vin qu’on doit lui donner, il est bon de lui faire prendre quelques breuvages d’une décoction d’orge grillé, moulu & arrosé avec du vin rouge ; après quoi il convient de le purger seulement avec deux onces de feuilles de séné, sur lesquelles on jettera environ deux livres d’eau bouillante & une once de sel végétal. Si, après l’usage de ces remèdes, la diarrhée ne s’arrête pas, si l’animal devient triste, s’il est dégoûté, il faut avoir recours aux astringens, tels qu’au