Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/704

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de lui quelqu’arbre d’une pareille grosseur ; il en apperçoit d’aussi vieux, mais nul n’est aussi considérable. Quelle en peut être la cause ? Une veine d’excellente terre dans laquelle s’étend son pivot, est le principe de cette énorme différence.

Un savant auteur, M. Adanson, a voulu établir un systême de familles des plantes, en considérant leur diamètre ; mais il l’avoue lui-même, cette classification ne peut être que très-fautive. Rien de constant, rien de sûr dans cette division, tout ce qui dépendra du climat, de la culture & du sol ne pourra jamais devenir un caractère constant.

Tout ce qui est extraordinaire dans la nature, a droit à notre intérêt, & on lit avec plaisir les observations en ce genre, quand on peut compter sur leur vérité. M. Adanson, dans la Préface de ses Familles des plantes, a recueilli ce qu’on a de plus certain & de plus avéré sur la prodigieuse grosseur de quelques arbres. Peut-être ne sera-t-on pas fâché de le retrouver ici, afin de le comparer avec ce que l’on peut observer soi-même dans quelques forêts.

« Au rapport d’Evelin, on voyoit à Erford, en Angleterre, un fameux poirier qui avoit dix huit pieds de tour, c’est-à-dire, environ six pieds de diamètre, & il rendoit annuellement sept muids de poires. »

« On a vu des saules creux de vingt-sept pieds de circonférence au tronc, qui avoient par conséquent neuf pieds de diamètre. »

« Pline cite au liv. 16, chap. 44 de son Hist. nat. un yeuse ou chêne vert, qui, d’une seule souche, avoit produit dix tiges, chacune de douze pieds de diamètre. »

« Le même auteur dit au chap. 40, qu’il y avoit en Allemagne des arbres si gros, que leurs troncs creusés formoient des canots du port de trente hommes. Mais que sont ces arbres, ajoute M. Adanson, en comparaison des seiba ou benten de la côte d’Afrique, depuis le Sénégal jusqu’au Congo, dont on fait des pirogues de huit à dix pieds de large, sur cinquante à soixante pieds de long, capables de porter deux cents hommes, & du port ordinaire de vingt-cinq tonneaux de deux milliers, qui sont 50000 pesant. »

« Ray parle d’après Evelin, d’un tilleul mesuré en Angleterre, qui sur trente pieds de tige, avoit seize aunes, ou environ quarante-huit pieds de circonférence, c’est-à-dire, seize pieds de diamètre, & qui surpassoit infiniment le fameux tilleul du Duché de Wirtemberg, qui avoit fait donner à la Ville de Neustat, le nom de Nieustat Ander Grossen Lindern. Ce dernier avoit vingt-sept pieds ⅓ de circonférence, ce qui fait environ dix pieds de diamètre ; le tour de la pomme ou tête avoit quatre cens trois pieds, sur une largeur de cent quarante cinq pieds, du nord au sud, & de cent-dix-neuf pieds, mesuré de l’est à l’ouest. »

« Ray dit avoir vu en Angleterre plusieurs ormes de trois pieds de diamètre, sur une longueur de plus de quarante pieds : il rapporte encore qu’un orme à feuilles lisses, de dix-sept pieds de diamètre au tronc, sur quarante aunes ou environ cent vingt pieds de diamètre à sa pomme, ayant été débité, sa tête produisit quarante-huit chariots de bois à brûler, & que son tronc, outre seize billots, fournit huit mille six cens