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SUPPLÉMENT À CE VOLUME.


CERF, Histoire naturelle. Notre projet, dans cet Ouvrage, n’est point d’entrer dans de grands détails d’histoire naturelle, éloignés absolument de l’objet direct de l’agriculture ou de l’économie rurale. Aussi, en traitant du cerf, nous ne le considérerons que comme animal nuisible, & produisant différentes substances utiles & avantageuses. Nous laisserons aux Traités de Vénerie la description des différentes manières de le chasser ; & un mot ou deux sur son habitude, sa vie, ses mœurs & le parti qu’on en peut tirer, suffiront pour en donner une idée à nos lecteurs.

Le cerf est sans contredit un des plus beaux animaux qui vivent au sein des bois. Son port, sa taille svelte, sa forme élégante & légère, ses jambes nerveuses & flexibles, sa tête parée, comme dit M. de Buffon, plutôt qu’armée d’un bois vivant, & qui tous les ans se renouvelle ; sa grandeur, sa légèreté, sa force, enfin, le font aisément distinguer, & le placent à la tête des bêtes fauves. Malgré sa légèreté & la délicatesse de sa taille, l’organisation extérieure & intérieure de ses parties le rapproche beaucoup du bœuf, cet animal si épais & si lourd. Leurs viscères ne diffèrent, d’une manière apparente, que par le défaut de la vésicule du fiel, qui ne se rencontre pas dans le cerf, par la conformation des reins, la figure de la rate & par la longueur de la queue ; mais la grandeur de la taille, la forme du museau, la longueur & la qualité du poil sont presque les mêmes. On retrouve dans le cerf le même nombre d’os figurés & articulés de la même façon que ceux du taureau, quoique plus minces & plus alongés. Enfin, le cerf a de plus que le taureau deux crochets à la mâchoire supérieure ; son bois est solide & branchu, tandis que les cornes du taureau sont creuses & ne portent aucune branche.

La biche femelle du cerf, est plus petite que lui ; sa tête n’est pas ornée de bois ; ses mamelles au nombre de quatre ; le temps de la gestation est de huit mois, au bout duquel elle donne le jour à un petit qui porte le nom de faon. Dans la nature, & sur-tout chez les animaux, toute mère n’en oublie jamais ni les sentimens ni les soins, tant que son nourrisson a besoin de ses secours. Aussi, avec quelle attention la biche ne veille-t-elle pas sur son jeune faon ; le moindre bruit l’inquiète & l’alarme ; elle prévient, elle détourne le danger dont il peut être menacé. Les chasseurs jettent-ils l’alarme au-tour de sa demeure, elle-même se présente à eux, elle se fait chasser par les chiens ; & quand elle les a d’éloignés de l’objet de sa tendresse, elle se dérobe à eux, & revient vers son faon. Des caresses du petit animal reconnoissant sont le prix de son adresse & de son courage. En peut-il être de plus agréables pour une mère ?

Vers la saison du rut, le faon a acquis assez de force pour vivre seul, ou du moins pour se passer des soins