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& sa pointe d’un très-bon acier, de même que les ailes.

La charrue fait une bonne culture, quand le soc a une largeur convenable, parce qu’elle remue la terre dans une plus grande surface, ce qui avance extrêmement l’ouvrage. Lorsque le soc est assez large, il coupe entièrement la base du parallélipipède du sillon ; il résiste moins au corps du versoir, qui ne laisse point de petites masses de terre en entier au-dessous, comme il arrive ordinairement quand il est étroit. S’il étoit moins large que le corps du sep, on conçoit aisément combien ce dernier auroit d’obstacles à surmonter, pour suivre le soc dans le sillon qu’il traceroit : étant trop étroit, sa marche seroit fort lente, & retardée en raison des obstacles que lui opposeroit la ténacité du terrein qu’il ouvriroit. Au contraire, lorsque le soc est plus large que le sep, celui-ci a peu d’obstacles à surmonter pour le suivre dans sa marche, principalement quand on rend sa surface gauche latérale, & l’inférieure concave.

Le coutre est une espèce de couteau à longue lame, qu’on adapte en avant du soc, à la flèche de la charrue, pour fendre la terre, couper les racines & le gazon. Sa figure, qui est assez généralement uniforme, ressemble à un couteau à gaine, dont la lame ne se replie point pour entrer dans le manche. La lame & le manche du coutre sont en fer ; par ce moyen on les descend à mesure qu’ils s’usent par le bout.

Le tranchant du coutre est proportionné à la qualité de la terre qu’il coupe. Si elle est forte & compacte, la lame du coutre doit être affilée, afin qu’il puisse aisément couper la terre, sans éprouver de trop grandes résistances, qui feroient varier sa position. Quand le terrein, au contraire, est pierreux, la lame du coutre doit avoir peu de tranchant, autrement elle seroit bientôt usée : dans de pareils terreins, leur office, quand on s’en sert, est plutôt d’entraîner les racines des herbes, afin qu’elles ne viennent pas s’embarrasser dans la charrue, que d’ouvrir la surface de la terre.

Il y a des charrues en Angleterre, qui, au lieu de coutres, portent un cercle de fer plein, dont la circonférence est très-affilée. Ce cercle qui est suspendu à la flèche par une tringle de fer assez forte, au bout de laquelle il est arrêté par un bouton plat, vient descendre sur la pointe du soc, où il entre dans la terre : en tournant sur son axe, quand la charrue est tirée, il coupe toutes les racines des plantes qu’il rencontre dans la largeur de sa surface.

Section IV.

Des proportions qu’il faut observer dans la construction des Charrues.

Les proportions qu’il faut suivre dans la construction des charrues, dépendent de tant de circonstances, qu’il est impossible de donner une règle fixe, & des principes invariables à ce sujet. Premièrement, il faut avoir égard à la qualité du terrein, quelle que soit la charrue qu’on veut y employer : selon sa légéreté, ou sa ténacité, il exige une charrue plus ou moins forte. 2o. À l’espèce de culture pour laquelle on destine la charrue ; on conçoit que pour des premiers labours de terres en