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jachère, ou pour des défrichemens, il faut une charrue d’une espèce différente de celle qu’on emploie pour les seconds labours, ou pour travailler des terres qui sont en bonne culture. 3o. À la force du conducteur, qui souvent n’est pas en état de gouverner toutes sortes de charrues ; à la puissance de l’attelage qu’il faut bien connoître, afin d’en tirer le meilleur parti, sans cependant la détruire faute de ménagement. 4o. À l’espèce de charrue que l’on veut faire construire, parce que chacune a ses dimensions qui lui sont propres.

Ce détail de proportion étant relatif aux principes sur lesquels on construit les différentes espèces de charrues qui sont en usage, nous nous proposons d’en parler dans les différentes descriptions que nous en donnerons. Nous n’indiquerons ici que les principes généraux qu’on peut appliquer dans la pratique, quand on est guidé par l’expérience & les circonstances : ils pourront être de quelque utilité aux cultivateurs qui désireroient de guider les ouvriers peu intelligens qu’ils sont souvent obligés d’employer.

Une des choses les plus essentielles à la perfection de la charrue, consiste à bien déterminer l’angle que forment l’âge & le sep, par leur assemblage. Il a été dit que l’ouverture de cet angle pouvoit être depuis dix-huit jusqu’à vingt-quatre degrés. L’ouvrier doit ménager au laboureur la facilité de l’augmenter & la diminuer, selon qu’il le juge convenable à l’espèce de culture qu’il veut donner à une pièce de terre. Pour cet effet, il tient aux charrues légères, la mortoise qu’il pratique au manche ou au sep, pour recevoir le tenon de l’âge, assez large pour qu’on puisse glisser un coin en dessous & dessus, qu’on enfonce à volonté pour élever ou abaisser l’âge.

Le sep, dans les charrues à avant-train, a assez communément vingt-sept à vingt-huit pouces de longueur, en y comprenant la pointe qui entre dans la douille du soc, sur six pouces de largeur au talon, & trois pouces d’épaisseur. Je ne détermine sa largeur qu’au talon, parce que les surfaces latérales doivent être un peu concaves, comme il a été dit en parlant de la meilleure forme qu’on pouvoit lui donner, pour qu’il parvînt à vaincre plus aisément les obstacles qui s’opposent à sa marche dans le sillon. Pour les charrues légères, un sep de cette longueur seroit trop pesant dans une terre sablonneuse & friable, pour lesquelles on emploie un attelage de deux chevaux seulement : en le faisant de dix-huit à vingt pouces de longueur jusqu’à la douille du soc, avec la même largeur & épaisseur, il produira un meilleur effet.

Le soc, dans sa plus grande largeur, doit toujours avoir deux pouces à peu près de plus que celle du sep, sans cela il ouvriroit un sillon trop étroit, le sep éprouveroit des frottemens considérables, qui ralentiroient la marche de la charrue ; l’attelage & le conducteur fatigueroient beaucoup : sa longueur, sans y comprendre la douille où entre le sep, est de douze à treize pouces.

La longueur des manches, depuis le sep jusqu’à leur extrémité, est de trois pieds neuf pouces : quand le manche est double ou fourchu,