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Les premiers sont des pieux de huit à dix pieds de hauteur, & servent à soutenir les hautains suivant la coutume des environs de Pau ; &c. les seconds sont de sept à huit, & supportent les vignes dont le cep est élevé de deux à trois pieds ; par exemple à Côte-Rotie, un peu plus bas que Vienne en Dauphine, à Condrieux, à Bordeaux. &c. Les troisièmes ont de trois à quatre pieds de hauteur, & ce sont les plus généralement employés ; en Champagne, dans les environs de Paris, &c. la grosseur est toujours en proportion de la hauteur.

Les romains, au rapport de Columelle, connurent les échalas & la manière d’y attacher la vigne avec des osiers. Les romains ne faisoient donc pas, comme plusieurs auteurs l’ont avancé, monter toutes leurs vignes sur des ormeaux ou sur des peupliers, &c.

I. Des bois propres à faire des échalas. La durée de ces tuteurs, dépend du plus ou moins de resserrement de leurs pores, & tous les bois quelconques peuvent servir à cet usage, suivant la manière de cultiver la vigne. Le meilleur, sans contredit, est celui tiré du tronc du chêne ; après lui, celui de châtaignier, & ainsi de suite. Les échalas, fournis par les taillis, ne durent point autant, sont plus communs & moins chers. Il se trouve une très-grande différence entre l’échalas du taillis de sept, huit à neuf ans, & celui de cinq ou de six ans. La force est en raison de l’âge du bois & de l’exposition du sol dans lequel il a végété. Un grand propriétaire de vignoble, doit donc connoître & avoir examiné le pays d’où on lui apporte les échalas. Ceux venus dans une terre naturellement humide, ou sur une exposition au nord, ont toujours un tissu lâche, des pores peu serrés : & fichés au pied d’un cep, semblables à une éponge, ils se remplissent d’eau, se dessèchent alternativement, & durent très-peu. Il vaut beaucoup mieux préférer ceux qui ont cru dans l’exposition du midi, & même dans une terre maigre ; ils seront, j’en conviens, moins droits, plus tortus que les autres ; cette difformité à l’œil, ne détruit en aucune manière leur mérite réel. Règle générale, il vaut mieux employer des quartiers que des échalas de taillis pour le premier & le second cas ; ils sont plus chers, j’en conviens, mais on regagne, par l’usage, cette dépense qui d’abord paroît excessive.

Les pins, les jeunes sapins, les peupliers, soit blancs, soit noirs ; les saules, les mûriers, les arbres fruitiers, &c. fournissent les échalas de la seconde classe, ainsi que les buis, lorsqu’on est assez heureux d’en avoir à bon compte.

Le cormier, le sureau, le noisetier & ceux qu’on vient de nommer, donnent les échalas de la seconde classe.

II. Des préparations des échalas en général, & sur-tout des premiers & seconds. Par-tout je les ai vu employés tels qu’on les abat de l’arbre. Une simple précaution, & un travail fait pendant l’hiver augmenteroient leur durée. Elle consiste, aussitôt que les échalas sont arrivés, de leur faire enlever l’écorce, de