Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trelacement en toutes sortes de sens, de petites fibres qui contiennent à la vérité, dans leurs interstices, de petits corps globuleux, qui ne sont peut-être que les molécules isolées de la sève ou des sucs. La couleur du tissu cellulaire varie dans les différens arbres, mais elle est plus communément verte.

Nous n’avons considéré jusqu’à présent les fibres corticales que comme de simples fibres ; mais il ne faut pas oublier que ce sont de vrais vaisseaux, des tubes par lesquels montent & descendent les différens sucs qui doivent nourrir & entretenir la plante. Dans l’écorce, ils sont de deux espèces, comme nous l’avons déjà dit, les vaisseaux lymphatiques qui sont les plus communs, & qui forment, à proprement parler, le réseau cortical ; ils servent à transporter, dans les différentes parties, la sève ascendante & descendante ; & les vaisseaux propres dans lesquels circule seulement le suc propre à chaque plante. On les distingue facilement des premiers, & par leur grosseur ordinairement assez considérable pour laisser échapper la liqueur dont ils sont remplis lorsqu’on les coupe, & par leur couleur qui est communément différente de celle des vaisseaux lymphatiques. M. Mariotte a donné une description assez exacte de ces vaisseaux, quoiqu’il les ait comparés, assez mal à propos, aux artères des animaux : « ces canaux sont enfilés, dit-il, par une fibre ligneuse blanche, qui se peut séparer en plusieurs filamens. On apperçoit une membrane à l’entour de ces petits canaux, qui les sépare du reste de la tige, & en fait comme un petit tuyau ; & entre chacune des fibres de cette membrane, il y a une matière spongieuse, adhérente à la membrane, & remplie de suc coloré. On voit une structure semblable dans les feuilles de l’aloès, coupées en travers ; car on remarque que le milieu, qui a environ un pouce d’épaisseur, est d’une substance spongieuse, composée d’un grand nombre de membranes confondues ensemble, & remplie d’une humeur aqueuse, claire, & qui a fort peu d’amertume. On remarque aussi que le tissu (cellulaire) est couvert d’une écorce verte dans l’épaisseur de laquelle il y a plusieurs petits canaux noirâtres, disposés selon la longueur des feuilles, & qui ressemblent à ceux des plantes laiteuses. Ces canaux contiennent un suc visqueux, jaunâtre & très-amer, qui en sort abondamment au mois de mai ; mais, dans la pulpe, (tissu cellulaire) il y a plusieurs petits canaux blanchâtres qui apparemment contiennent un autre suc, & qui jettent çà & là de petits rameaux, dont quelques-uns vont se joindre aux tuyaux qui portent le suc jaune & amer. »

» J’ai aussi remarqué que beaucoup de grosses plantes laiteuses, comme la férule, ont de petits canaux disposés par des intervalles égaux, depuis le centre de la tige jusqu’à la circonférence, & que la plupart des autres plantes, comme le salsifis, le tythimale, l’éclaire, &c. en ont seulement deux ou trois rangées proche la circonférence de la tige : ces canaux qui ont leurs filets blancs & leur matière spongieuse remplie de suc coloré, se conti-