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l’on jette les yeux sur les Figures 8 & 9 de la Planche du mot Épine ; la Figure 8 offre un morceau d’écorce de tilleul détachée dans le sens des couches, A sont les fibres, B les interstices par où viennent aboutir les rangées d’utricules & les productions du tissu cellulaire, qui se prolonge depuis le bois jusqu’à l’épiderme. La Fig. 9 offre un morceau d’écorce de peuplier, coupée suivant une ligne qui iroit du centre à la circonférence, & laisse voir par conséquent depuis l’épiderme jusqu’au liber. On remarquera facilement des faisceaux A de fibres réunies & qui s’anastomosent les unes dans les autres B ; elles forment différens interstices C, mais de différentes grandeurs & figures. Ces interstices sont remplis par le tissu cellulaire. À mesure que les couches corticales se rapprochent du bois, elles sont plus serrées, les interstices moins considérables, & la portion du tissu cellulaire moins grande. Comme on le voit en H, G, chacun de ces faisceaux est composé de petits filets qui peuvent se sous-diviser encore en de plus petits : tantôt ils suivent une ligne parallèle entr’eux, & tantôt ils s’inclinent les uns vers les autres pour s’anastomoser & se réunir ; puis se séparer ensuite, & imiter ainsi assez bien les mailles d’un filet. L’application de ces couches les unes contre les autres ne peut être mieux représentée que par la Figure 10 ; la couche 1 est la plus intérieure, en même temps celle dont le réseau est le plus serré & les mailles plus fines ; la couche 2 est un peu plus large ; la couche 3 encore davantage, & ainsi des autres, toujours en augmentant de largeur. On en aura encore une idée plus exacte par la Figure 11. On voit ici cinq couches ou réseaux réunis ensemble au point A, & séparées les unes des autres en B. Les expériences & les recherches de M. Duhamel, portent à croire que les interstices des différens feuillets se répondent les uns aux autres, & sont placés de manière que leurs aires forment, par leur assemblage, des entonnoirs ou alvéoles dont l’ouverture la plus évasée est du côté de l’enveloppe cellulaire, & la plus étroite du côté du bois.

Tous les réseaux ou plexus de fibres corticales ne se ressemblent point. Leur entrelacement varie suivant les espèces de plantes ou d’arbres. La Figure 8 offre celui du tilleul ; la Figure 9, celui du peuplier ; la Figure 12, celui de l’arbre à dentelle que tout le monde connoît ; & la Figure 13, celui du palmier.

Revenons à présent au tissu cellulaire qui se trouve dans les mailles ou les interstices du réseau cortical. Malpighi & Grew l’ont regardé comme un simple amas d’utricules ou de vésicules de différentes formes, situes à côté les uns des autres, & diminuant toujours insensiblement d’épaisseur depuis l’épiderme jusqu’au bois. M. Duhamel ne paroît pas être du même sentiment, & il a reconnu au microscope que ces petites vessies étoient entrelacées par quantité de fibres d’une finesse extrême. J’adopte d’autant plus volontiers son idée, que je me suis assuré que le tissu cellulaire étoit absolument de même nature que l’enveloppe cellulaire, que par conséquent ce n’étoit qu’un parenchyme ou un corps spongieux, résultant de l’en-