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temps l’écorchure avec du vin chaud. M. T.


ÉCREVISSE. Animal du genre des crustacées ; ce genre est très-nombreux ; on en distingue deux ordres principaux, les écrevisses de mer appelées homards, langoustes, &c. & les écrevisses de rivière. Consultez les ouvrages sur l’Histoire Naturelle, si vous désirez de plus grands détails. Les écrevisses de rivière présentent deux phénomènes assez singuliers : le premier consiste dans la reproduction des membres qu’elles ont perdus, & le second, en ce que leurs deux grosses pattes de devant sont plus ou moins charnues, à mesure que la lune approche ou s’éloigne de son plein. Le premier n’est pas si surprenant que la reproduction des polypes coupés en mille morceaux, & qui forment autant de polypes nouveaux. Le célèbre M. Bonnet, de Genève, observateur si exact, en a donné la solution. Sur le second on a établi une foule d’hypothèses qui ont éloigné du but. Elle tient à ce point simple : l’écrevisse de rivière sort de sa retraite pendant la nuit seulement, & cherche à tâtons la nourriture dont elle a besoin ; mais si la lune est sur l’horizon, elle y voit alors assez clairement, trouve une nourriture plus abondante, s’engraisse, & ses pattes se remplissent. Si vous tenez des écrevisses dans un vivier où l’eau leur convienne, & qu’en tout temps elles aient une copieuse nourriture, leurs pattes seront pleines en nouvelle comme en pleine lune ; expérience facile à répéter.


ÉCROUELLE, SCROFULE. Les écrouelles sont des tumeurs dures & indolentes, dont la grosseur varie beaucoup : les unes ressemblent à des pois, à des fèves, les autres à des châtaignes ; rarement on n’en apperçoit qu’une ; pour l’ordinaire on en observe plusieurs qui forment une espèce de chaîne ; la peau qui les recouvre ne change point de couleur, à moins qu’elles ne s’enflamment.

Cette maladie affecte toutes les glandes en général ; mais plus particulièrement celles du cou, les maxillaires, les axillaires, les inguinales extérieurement ; & les mésentériques intérieurement ; le poumon, le pancréas, le foie, n’en sont point à l’abri.

On juge fort bien par le toucher, que ces tumeurs sont mobiles ou fixes ; celles-ci tiennent le milieu entre le squirre & le phlegmon ; elles s’enflamment & suppurent difficilement, & si elles viennent à suppuration, ce n’est que très-lentement. Il faut quelquefois des mois entiers, avec la plus assidue application de cataplasmes appropriés ; encore, quand elles s’abordent, laissent-elles sortir une matière sanieuse, de mauvais caractère, sans être fétide.

Les autres sont souvent enkystées, & remplies de toute sorte de matières, quelquefois même d’eau.

Les enfans & les jeunes personnes, qui mènent une vie sédentaire, y sont très-sujets. J’ai observé que les enfans qui ont naturellement de la vivacité dans l’esprit, un jugement & des connoissances prématurées, en sont le plus souvent attaqués, sur-tout si, étant nés dans un climat assez chaud, on les force à habiter des pays froids, humides, & qui avoisinent de grands fleuves ; le changement de climat,