Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/154

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le local. On sait 1°. que la maturité des pêches, des abricots, dévance de beaucoup celle du raisin, sur-tout relativement aux espèces que l’on cultive ; car on vendange plutôt dans les environs de Paris que dans le bas-Languedoc ; ainsi, le bouton qui donnera du fruit l’année suivante, n’est pas encore assez formé pour se passer de sa mère nourrice ; sur la vigne au contraire, il est formé, & comme à la taille on supprime & on raccourcit beaucoup le sarment, on a la facilité de choisir le sarment le plus fort, & garni d’un bon œil ou de deux.

2°. Le local influe singulièrement sur l’effeuillage, & non aussi rigoureusement sur l’ébourgeonnement. Je le répète, lorsque le raisin approche de sa complète maturité, en tout pays l’effeuillage est utile. Il ne faut pas prendre le change sur ce mot maturité ; je n’ai pas vu en dix ans les raisins des environs de Paris complètement mûrs, & souvent on a vendangé que des grains étoient verts, les autres rouges, & quelques-uns un peu noirs sur la même grappe. Dans ce cas, l’opération de l’effeuillage est vraiment scabreuse ; l’inspection du raisin vaut mieux & en dit plus que tous les préceptes.


EFFONDRER, EFFONDREMENT. Opération par laquelle on remue & fouille la terre à la profondeur de plusieurs pieds, & quelquefois en y mêlant des engrais. Toutes les fois qu’on a de grandes plantations à faire, c’est le cas d’effondrer, & je ne dis pas de défoncer. On défonce pour les légumes, c’est-à-dire, que la terre bien retournée à deux pieds de profondeur suffit. Il n’en est pas ainsi pour les arbres d’avenues, les arbres fruitiers & ceux d’agrément ; il y a une nécessité indispensable d’effondrer, lorsque sous la couche de terre il se trouve un banc de gravier, de tuf, d’argile, de craie, &c. Celui qui plaindra la dépense qu’entraîne cette opération, ne tardera pas à se repentir de sa parcimonie. L’arbre planté périra, il lui en substituera un second, puis un troisième, &, calculant le prix des fouilles & des nouvelles plantations, le résultat sera le tableau d’une dépense plus forte & une perte de temps considérable. Ce mauvais économe rejettera la faute sur le terrein, tandis qu’elle dépend de la première opération manquée. Ou plantez ainsi que la nature du terrein l’exige, ou ne plantez pas du tout. Il faut absolument dérompre & effondrer au moins à la profondeur de quatre à cinq pieds ; plus le terrein est mauvais, plus il exige d’être creusé. Cette opération mêle les terres, ramène celles de dessous par-dessus, & lorsqu’on les a jetées dans le creux, les racines trouvent une terre meuble, s’allongent & se multiplient promptement ; enfin l’arbre prospère. Si la masse de terre du fond est trop mauvaise, on la transportera hors du champ, du jardin, de l’allée, &c. & on lui en substituera de nouvelle & de meilleure. Les engrais sont nécessaires dans ce cas ; ils doivent couvrir le fond de la fosse sur une épaisseur de deux pouces ; jetiez par-dessus de la bonne terre jusqu’à la hauteur à laquelle l’arbre sera