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ensuite, rassemblent ce qui a été égrappé, en remplissent des bannes & les chargent sur les charrettes : les bannes sont placées sur les lisières de la vigne, & une égrappeuse suffit à dix ou douze vendangeuses. On paie sa journée de plus que celles des autres femmes, c’est-à-dire, dix sols, & on ne nourrit personne.

La vendange quoique séparée de la grappe, n’est pas en état d’être jetée dans la cuve. Il faut que le grain soit bien écrasé, afin que la pulpe nage dans un grand véhicule, & que l’écorce intérieure qui contient seule la partie colorante, présente le plus de surface possible à l’esprit ardent, à mesure qu’il se forme, afin qu’il en dissolve une plus grande quantité. En parlant de la fermentation, cet article sera traité plus en détail.

Les bannes arrivées au cellier sont jetées les unes après les autres dans la fouloire. C’est un vaisseau ressemblant par la forme à une paîtrière à pain, & ses bords relevés de dix-huit à vingt-quatre pouces. Si elle est placée sur la cuve, ce qui vaut infiniment mieux que de la placer à côté, un simple grillage formé de tasseaux de bois, bien lisses, suffit pour son fond, & chaque barreau ne doit être espacé que de six lignes, afin qu’aucun grain ne puisse passer à travers sans être écrasé.

Si on la place à côté de la cuve, elle exige nécessairement 1°. un fond solide, percé sur le devant, afin que la liqueur coule dans un vaisseau destiné à la recevoir : 2°. à six pouces au-dessus du fond fixe est placé un fond mobile & en grillage soutenu par des tasseaux & par des traverses ; du fond mobile la liqueur coule sur le fond solide, &c. Lorsque les grains sont bien piétinés, bien écrasés dans l’une ou l’autre de ces fouloires, lorsque la liqueur est suffisamment écoulée, les hommes qui ont fait l’opération, armés de pelles, jettent dans la cuve la pulpe restée dans la fouloire ; alors on remet de nouvelle vendange, & ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. Moins on met de vendange à la fois dans la fouloire, & mieux le grain est écrasé, & l’opération va plus vite ; car un homme piétineroit presque pendant une journée entière une fouloire trop remplie, qu’elle le seroit mal.

Je regarde la division du grain, comme un point des plus essentiels à la bonne fermentation, & indispensable pour assurer la couleur parfaite du vin.

Il est aisé de construire des égrappoirs différens de ceux dont je viens de parler ; je doute si on en trouvera un plus simple & plus expéditif que ce dernier.


ÉLAGUER. C’est éclaircir un arbre, en retranchant une partie de ses branches. Élagueur, est l’homme chargé de cette opération. Est-il nécessaire d’élaguer un arbre, comment doit-on l’élaguer ?

Les arbres forestiers qui croissent en massif, n’ont pas besoin de la main de l’homme, & seront toujours plus beaux que ceux qu’il façonne. Tant que les branches auront assez d’étendue pour ne pas se nuire les unes aux autres, le tronc grossira sans beaucoup s’élancer ; dès qu’elles se toucheront, le tronc s’élancera, afin d’aller chercher l’air & se nourrir des substances répandues dans l’atmosphère ; il poussera