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le touche, le devient lui-même, & qu’alors il en est repoussé ; la répulsion ne tarda pas à être observée, & ce fut Oto de Guericke qui découvrit le premier ce phénomène. Ce fut encore ce savant qui s’aperçut le premier que la vertu électrique se transmettoit d’un corps idio-électrique à d’autres corps, en les approchant seulement d’un corps électrisé, sans qu’il fût besoin de les frotter. Il vit même avec surprise, que cette vertu pouvoit se transmettre, par le moyen d’une corde, à une certaine distance. Les physiciens nommèrent ce phénomène la communication & la propagation du fluide électrique.

En poussant ses recherches encore beaucoup plus loin, M. Gray s’apperçut que l’électricité non-seulement répandoit de la lumière, mais encore qu’elle produisoit une étincelle bruyante & piquante, qui, entre les mains de M. Ludolf, académicien de Berlin, parvint à enflammer différentes liqueurs inflammables : on observa ensuite les aigrettes & les points lumineux.

Dans ces circonstances, Mussenbroeck, Professeur de physique expérimentale à Leyde, ayant électrisé une masse d’eau considérable, par le moyen d’une chaîne qui descendoit dans un vase qu’il tenoit à la main ; & ayant voulu tirer ensuite une étincelle de la chaîne, avec l’autre main, se sentit si rudement frappé sur les deux bras & la poitrine, qu’il avoue dans la lettre à M. de Reaumur, où il lui fait le détail de cette expérience, qu’il ne voudroit pas la répéter pour la couronne de France. Ce phénomène nouveau fut désigné sous le nom de commotion électrique, & son explication a donné lieu au développement de la belle théorie sur l’électricité du Docteur Francklin.

Enfin, M. Francklin à Philadelphie, démontra l’analogie qui existe entre le tonnerre & l’électricité, & le pouvoir que les pointes ont de soutirer & de dissiper l’un & l’autre.

§. III. Maniere d’électriser.

Il y a deux moyens d’électriser un corps, ou en le frottant plus ou moins, ou en Rapprochant, ou, pour mieux dire, en le plongeant dans la sphère d’activité d’un autre corps déjà électrisé. Nous avons déjà observé que l’on distinguoit deux espèces de corps électriques, les uns par le frottement, les autres par communication. Il paroît que toutes les substances vitrifiées & vitrifiables, les résines, les sels, les végétaux desséchés, quantité de parties animales, la soie sur-tout, la laine, les plumes, les cheveux sont de la première classe ; & dans la seconde, on doit ranger tous les métaux, plusieurs minéraux, & toutes les substances qui sont trop molles pour être frottées. Cependant, d’après la belle découverte du célèbre Physicien de Vienne, le père Herbert, confirmée par de nouvelles expériences de M. Hemmer, Professeur de Physique à Manheim, il est constant que les corps an-électriques, ou électriques par communication, le deviennent aussi par frottement, ou du moins, par ce procédé, deviennent également susceptibles de produire des phénomènes électriques.

On a imaginé divers moyens, & construit différentes machines pour développer la vertu électrique dans