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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/190

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sont en particulier, la torpille & l’anguille de Surinam. Nous avons vu que les animaux morts donnoient encore des signes d’électricité : tout ce qui leur appartient jouit éminemment de cette propriété ; ainsi, le poil, les cheveux, la laine, la soie, la plume, sont très-électriques.

L’homme, lorsqu’il a été électrisé en plus, soit par l’effet des météores extérieurs, soit par l’action du mouvement intérieur, donne très-souvent des signes d’électricité. Il est beaucoup de personnes, hommes & femmes, qui dans ces circonstances, en quittant leurs vêtemens, comme chemises, habillemens de laine ou de soie qui ont touché immédiatement la peau, donnent des étincelles ou du moins des traces d’une véritable lumière électrique.

Quel est le principe de l’électricité animale ? Cette question n’est point facile à résoudre ; & sans vouloir discuter tous les systèmes que l’on a imaginés sur cet objet, nous nous contenterons de dire ici que plusieurs causes concourent à entretenir l’électricité animale, que nous rangerons sous deux classes ; causes internes & causes externes.

§. II. Causes internes de électricité animale.

On peut reconnoître deux causes internes de l’électricité animale : 1°. la masse d’électricité naturelle donnée à tous les corps ; 2°. le mouvement des fluides du corps & sur-tout la circulation du sang. Tout ce que nous avons déjà dit, suffit pour faire admettre la première cause ; la seconde demande un peu plus de développement. Le corps animal est composé de parties solides & de parties fluides, les unes sont électriques par elles-mêmes ou idio-électriques comme les os, les cartilages & les nerfs ; tandis que les autres sont an-électriques, comme les muscles & les fluides. D’après les explications que nous avons données dans la première section, on sent facilement que le frottement électrisera les premières parties, & que les secondes ne le seront que par communication. Non-seulement le mouvement naturel & intérieur des fluides dans l’intérieur du corps & le frottement de ces mêmes fluides contre les solides & des solides entr’eux, mais encore le mouvement extraordinaire & extérieur, (si je puis me servir de cette expression) occasionné par les mouvemens spontanés de l’animal, réveilleront, pour ainsi dire, le fluide électrique fixé dans la masse totale, & le mettront en action. Cette action est sans cesse entretenue par la circulation perpétuelle du sang qui, parcourant toute l’étendue du corps avec une force & une vélocité extraordinaires, doit frotter avec la plus grande énergie contre les parois intérieures des veines & des artères, & par-là exciter, réparer & entretenir l’électricité animale. L’expérience démontre ce principe ; car, si l’on saigne un homme qui soit fortement électrisé en plus artificiellement, ou qu’une maladie mette dans cet état, son sang est beaucoup plus rouge.

En adoptant ici avec plusieurs savans, que le sang contient une grande quantité de phlogistique, & que c’est lui qui le distribue dans tout le corps, comme le phlogistique n’est peut-être qu’une modification de la lumière, la production de l’électricité animale par la circulation du sang, seroit