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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/189

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sant l’office de conducteur, dissipe l’électricité de la machine, & que cela ne tient nullement à l’électricité atmosphérique. Il faut beaucoup plus d’observation que nous n’en avons encore sur cet objet, pour compter sur quelque chose de certain, &, lorsque nous voyons l’auteur de l’excellent Ouvrage De l’électricité du corps humain dans l’état de santé & de maladie, M. l’Abbé Bertholon, tirer de la diversité d’électricité des climats, la diversité des caractères nationaux, il nous est permis de n’être de son sentiment, que lorsqu’une masse considérable d’observations aura démontré cette idée ingénieuse. Il est des conséquences qui peuvent être vraies ; mais avant de les adopter, ne doit-on pas préalablement prouver la certitude des principes d’où on les dérive ; & d’un fait particulier, peut-être mal rendu, on ne doit pas se hâter d’en faire un axiome général.

Dans tout ce que nous allons dire sur l’électricité, considérée par rapport à l’économie animale & végétale, nous ne rapporterons que des faits & des observations, & nous n’aurons recours aux analogies, que lorsqu’ils nous y conduiront naturellement.

Voyez au mot Tonnerre, l’explication de ce météore, & de l’instrument inventé pour nous en préserver.

Section IV.

De l’Électricité, considérée par rapport à l’économie animale.

§. I. Électricité animale.

Nous avons vu que tous les corps de la nature étoient plus ou moins imprégnés du fluide électrique. Le corps de l’animal qui a une vie, & dont la vie est entretenue par un mouvement continuel, contient nécessairement une certaine quantité de fluide électrique. Ce fluide est tranquille, tant qu’il est en équilibre avec celui de l’atmosphère ; mais il devient sensible aussitôt qu’il est mis en action. Aussi voyons nous que, dans tous les animaux, on peut développer l’électricité & la rendre apparente ; ils en conservent même une portion après leur mort, jusqu’à ce qu’elle se soit totalement évaporée. C’est ce que M. Dufay avoit observé sur des chats morts, qui, frottés, pétillent sans donner de lumière électrique comme les chats vivans. Il est probable que plus le mouvement intérieur est exalté, plus aussi le fluide électrique est en action, & plus aussi il en donne des signes visibles. De-là vient, peut-être, que certains insectes sont lumineux dans la saison de leurs amours, comme les vers luisans, les vers de terre, certaines mouches, &c. Mais de tous les animaux, ce sont ceux qui sont revêtus de poils qui en donnent les marques les plus abondantes & les plus constantes. Si l’on frotte dans l’obscurité avec la main ou avec de la paille, les bœufs, les vaches, les chevaux, les chats, les lièvres, les lapins, les chiens même, &c. &c. l’on observe presque toujours, surtout dans les temps secs & froids, des traînées de lumière électrique. Non-seulement les quadrupèdes, mais quelques poissons sont pourvus d’électricité dans une proportion singulière, au point même qu’ils sont en état de donner de violentes commotions, lorsqu’on les touche ; telles