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il ne peut être surabondant qu’à leur détriment. Mais alors cette perte d’équilibre entraîne nécessairement & proportionnellement à cette perte, un dérangement dans l’économie animale, & ce dérangement est une maladie plus ou moins marquée. Si donc le fluide électrique devient surabondant, ou que le corps soit électrisé en plus, il s’ensuit un dérangement dans l’économie animale, une vraie maladie.

Réciproquement, dès qu’un des fluides diminue & perd de sa quantité nécessaire, les autres augmentent ou en quantité ou en énergie ; dès lors plus d’accord, plus d’harmonie ; ce dérangement amène une maladie. Si le fluide électrique manque, ou si le corps est électrisé en moins, il est nécessairement dans un état de mal-aise, jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli.

Le premier de ces trois états est un état de santé, qui ne doit pas nous arrêter. Les deux autres méritent un peu plus notre attention.

§. IV. Électricité animale, positive ; bien et mal qui en résultent.

Si le mécanisme animal agissoit toujours également, la quantité de fluide électrique qu’il développeroit seroit toujours la même : si l’atmosphère ne varioit pas dans sa manière d’être, la quantité de fluide électrique qu’il fourniroit seroit toujours en égale proportion ; mais par malheur, les faits & les observations nous démontrent assez que ces deux états ne subsistent pas long-temps, & que notre existence est perpétuellement le jouet, & des météores extérieurs & des résultats des agens intérieurs. M. Mauduit a très-bien observé, que l’humidité est l’état de l’atmosphère le plus propre à attirer le fluide électrique des corps, & à les en dépouiller jusqu’à un certain point. Ainsi toutes les fois que l’atmosphère sera humide & froide, elle pompera, pour ainsi dire, le fluide électrique des corps & surtout des animaux & des hommes, dans lesquels il est toujours en mouvement, elle les en dépouillera ; l’atmosphère deviendra électrique en plus, tandis qu’ils deviendront électriques en moins. Quand elle sera sèche, au contraire, & par conséquent riche en électricité, elle leur en communiquera sa surabondance, ils s’électriseront en plus, tandis qu’elle s’électrisera en moins.

Pour juger de l’électricité positive atmosphérique, portée jusqu’à un certain point sur l’économie animale, nous pouvons raisonner par les phénomènes que présente l’électricité artificielle ; il n’y a de différence que du plus au moins. Les faits vont être ici nos seuls guides.

Si on électrise un homme en le plaçant sur un plateau à isoler, les principaux physiciens ont remarqué que la chaleur animale étoit augmentée considérablement ; cet excès de chaleur dépend, sans doute, du mouvement des liqueurs accéléré dans leurs vaisseaux, de l’oscillation des fibres plus prompte & plus rapide ; cette chaleur devient sensible non-seulement au thermomètre, mais même par des sueurs quelquefois assez abondantes. M. de Thoury a observé qu’un homme électrisé pendant une heure de suite, avoit perdu, par la transpiration sensible & insensible, une livre de son poids. La chaleur & le mouvement peuvent