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dans ce cas, l’électricité animale étant plus abondante, & cherchant à se mettre en équilibre, passe du corps dans l’air ; la proportion diminue. Elle ne peut pas diminuer sans qu’il en résulte un retardement, soit dans le mouvement des fluides, soit dans les sécrétions. De-là toutes les maladies plus ou moins graves qui en dépendent : la lenteur de la circulation du sang, la foiblesse du pouls, la langueur, l’amaigrissement, le marasme même en sont les premières suites. Les rhumes & les fluxions semblent beaucoup en dépendre, puisqu’ils viennent d’un épaississement de matières, que la transpiration & la salivation ne peuvent plus chasser hors du corps. Le défaut de circulation des différens fluides qui répandent la santé & la vie dans le corps, amène insensiblement des obstructions & des dépôts de matières qui tournent à la putridité, & donnent lieu à plusieurs maladies putrides. La cause de ces maladies connue, le remède est facile à appliquer, & certainement dans ces cas, l’électricité positive apporteroit un très-grand soulagement, & peut-être une guérison. Mais nous allons voir jusqu’à quel point les succès ont couronné les tentatives dans ce genre d’un très-grand nombre de physiciens.

Section V.

De l’Électricité considérée comme remède.

Un des phénomènes les plus apparens de l’électricité artificielle, est d’accélérer le mouvement des fluides, même dans les tubes capillaires ; il a conduit nécessairement à l’appliquer à l’économie animale dans les maladies occasionnées par engorgement, par obstructions dans les vaisseaux capillaires. Cette idée ingénieuse est due à M. Nollet, qui le premier essaya en France de guérir un paralytique par l’électricité. M. Jallabert, à Genève, obtint dans le même temps un succès complet sur un serrurier attaqué de la même maladie. On sait qu’elle est due au relâchement des nerfs, ou à leur obstruction, à la résistance qu’ils opposent pour la circulation du fluide nerveux. On sent facilement, d’après tout ce que nous avons dit, que cette maladie venant de la suppression d’une quantité de fluide nerveux ou électrique, l’électricité positive en redonne au corps, & dégageant les vaisseaux, les met en état de lui laisser une circulation libre. Aussi cette maladie est-elle le triomphe de l’électricité ! & il n’est point de physiciens électrisans qui n’aient réussi à guérir quelques paralytiques. Celui, sans doute, qui a le plus mérité de l’humanité dans ce traitement, est M. Mauduyt, de la société royale de médecine. Ce sage médecin, chargé par le gouvernement de traiter une suite de malades de différens genres par l’électricité, s’en est acquitté avec tout le zèle & toute la sagacité nécessaires. Les succès, en général, ont couronné ses soins, & il a déposé dans les mémoires de la société royale, les détails de toutes ses expériences. C’est d’après lui que nous indiquerons les maladies que l’électricité a dissipées ou totalement ou en partie.

Les paralysies, sur-tout les récentes, ont toutes été ou guéries, ou du moins très-soulagées, & les succès du traitement se sont soutenus. L’af-