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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/196

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foiblissement du tact, ainsi que la gêne dans les mouvemens, ont totalement disparu ; les rhumatismes se sont entièrement dissipés. Les surdités résistent davantage, & ne paroissent obtenir que quelques soulagemens. Les gouttes-sereines, complètes ou incomplètes, sont dans le même cas ; le traitement de l’ophtalmie a eu du succès entre ses mains, ainsi que l’épanchement de lait. C’est à ces sept ou huit espèces de maladies que M. Mauduyt réduit jusqu’à présent la réussite de l’électricité. Ce n’est pas qu’elle ne soit encore très-avantageuse dans bien d’autres cas, comme les maux de dents, les suppressions ou défauts de règles, les douleurs locales, les tumeurs, &c. mais les succès n’ont pas été aussi constans que dans les autres maladies.

Il faut beaucoup d’art & d’intelligence pour bien électriser un malade. Voici des règles générales : lorsque l’on connoît la nature de la maladie, & que l’on espère que l’électricité pourra apporter quelque soulagement, on pose le malade sur un fauteuil ou sur une table isolée, & on le fait communiquer avec le conducteur d’une machine ; on l’électrise ainsi en le surchargeant du fluide. C’est une espèce de bain électrique dans lequel on l’entretient pendant quelque temps ; on peut de temps en temps lui tirer quelques étincelles sur la partie affectée ou dans la direction du mal ; enfin, il est bien des cas où il faut lui donner la commotion au moyen d’une bouteille de Leyde. Mais nous le répétons ici, il faut que ce traitement soit dirigé par un médecin habile & intelligent, afin qu’il réussisse. Le malade doit apporter de son côté une grande patience, & souvent ce n’est qu’après un laps de temps considérable que l’on voit réussir ce traitement.

Nous le conseillons dans les maladies citées plus haut, parce que nous croyons que, bien ménagé, il ne peut être dangereux ; on ne doit pas pour cela abandonner tous remèdes, peut-être même leur donne-t-il plus d’énergie, en les faisant circuler plus vite dans la masse totale. Une électrisation trop longue, des étincelles trop vives, des commotions trop fortes, fatiguent le malade. Il faut lui donner du repos, ne jamais l’excéder. Il vaut mieux, dans ces cas-là, s’y reprendre à plusieurs fois le matin & le soir.

Section VI.

De l’Électricité considérée par rapport à l’économie végétale.

Tout ce que nous avons dit de l’influence de ce principe sur l’économie animale, peut s’appliquer au végétal : mêmes effets & presque même manière d’agir. Le végétal comme l’animal, possède une certaine portion de fluide électrique, qui peut être augmentée ou diminuée, devenir positive ou négative suivant l’état de l’atmosphère. L’électricité artificielle accélère le mouvement des fluides dans les vaisseaux des plantes, & augmente leur transpiration insensible ; de très-jolies expériences de M. l’abbé Nollet, & de plusieurs physiciens l’ont démontré : bien plus, le développement du germe est hâté, &, toutes choses égales d’ailleurs, les graines de plantes électrisées lèvent plutôt & en plus grand