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l’eau ; dans les douleurs d’estomac occasionnées par mauvaise digestion, dans de l’eau ; dans le scorbut occasionné par le long usage d’alimens salés, lorsqu’on ne peut se procurer des herbes acides. &c.

Élixir de Stougthom ou grand élixir cordial ou gouttes d’Angleterre. Prenez absinthe, gentiane, germandrée, écorce d’orange amère, une poignée de chacun, quatre gros de rhubarbe, deux gros d’aloès : faites infuser le tout dans deux pintes d’esprit de vin, durant quinze jours ; filtrez ensuite la liqueur & la conservez dans des bouteilles bien bouchées. Les drogues ci-dessus mentionnées doivent être employées sèches.

On prend cinquante à soixante gouttes de cet élixir, plus ou moins, selon qu’on le juge à propos, dans un verre d’eau, ou de bière, de vin de Canaries, de cidre, de vin blanc ou du thé, en tout temps & sur-tout à jeun. Il excite l’appétit, facilite la digestion, fortifie l’estomac, chasse les vents de l’estomac & des intestins ; guérit la débilité de l’estomac & ses nausées particulièrement, lorsque ces indispositions viennent d’avoir trop bu. On s’en sert pour les vapeurs des deux sexes, l’évanouissement, le tremblement, la mélancolie, dans les affections scorbutiques, contre les vers, contre l’infection de l’air & dans les maladies contagieuses ; trente à quarante gouttes de cet élixir, mises dans un verre d’eau claire, avec un peu de sucre, sont une liqueur saine & agréable.

Élixir de longue vie. On le doit au docteur Yernest, médecin Suédois, mort à l’âge de 104 ans, à la suite d’une chute de cheval. Son ayeul a vécu 130 ans, sa mère 107, & son père 112, par l’usage journalier, dit-on, de cet élixir. Il faut en prendre sept ou neuf gouttes matin & soir, dans le double de vin, ou de thé, ou de bouillon, ou d’eau.

Prenez une once & un gros d’aloès-succotrin ; zédoaire, agaric blanc, gentiane, safran oriental, & rhubarbe fine, un gros de chacun ; on peut y ajouter un gros de thériaque de Venise & une once de manne.

Pulvérisez & tamisez les six premières drogues, mettez-les dans une bouteille de gros verre, avec la thériaque & la manne ; versez-y une pinte de bonne eau-de-vie ; bouchez la bouteille avec un parchemin mouillé & ficelé. Quand le parchemin commencera à devenir sec, piquez-le de plusieurs trous d’épingle, pour que la fermentation ne casse point la bouteille ; tenez-la à l’ombre pendant neuf jours, & ayez soin matin & soir de la bien remuer, afin de mêler le tout exactement ; le dixième jour, sans remuer tant soit peu cette liqueur, coulez doucement l’infusion ans un autre vaisseau, tant que la liqueur viendra claire ; bouchez exactement cette colature, puis mettez sur le marc de ces mêmes drogues, une nouvelle pinte de bonne eau-de-vie, que vous laisserez également infuser pendant neuf autres jours. Au dixième jour vous coulerez de même. Des que vous vous apercevrez que la liqueur s’épaissira, vous arrêterez & verserez cette liqueur épaisse, avec le marc ou sédiment de la première pinte, dans un entonnoir au fond duquel vous aurez mis du coton, & filtrerez cette liqueur jusqu’au clair-fin. Ayez soin de mettre un linge sur l’entonnoir, afin que la liqueur ne s’évapore point.