Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/212

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ce qui sera encore dit au mot Onguent, s’applique au mot Emplâtre ; & on ne sauroit trop remercier l’académie de chirurgie de Paris, d’avoir enfin dessillé les yeux du public sur cet amas prodigieux d’emplâtres : voici la recette de quelques-uns des plus utiles.

Emplâtre de blanc de baleine. Faites fondre au bain-marie, dans un vase de faïence, blanc de baleine, deux onces ; cire blanche, quatre onces ; huile par expression des quatre semences froides majeures, une once & demie. Versez le mélange dans un mortier de marbre ; agitez fortement avec un pilon de bois, dès qu’il commence à se refroidir, & formez-en des magdaléons ; enfin, tenez-le renfermé dans un bocal de verre ; il relâche les bords des ulcères, diminue l’âcreté du pus, s’oppose à l’inflammation trop vive des bords d’une plaie, & favorise sa cicatrice ; il ne cause point d’irritation particulière.

Emplâtre de céruse. Blanc de céruse en poudre, une livre ; (prenez garde que la céruse ne fort mêlée avec de la craie, nommée blanc d’Espagne, blanc de Troyes, &c. ce que vous reconnoîtrez en la noyant dans l’eau, l’agitant & la laissant reposer ; la céruse se précisera au fond, & la craie formera un lit par-dessus la céruse, de couleur assez différente pour être sensible ; ou bien, ajoutez de la graisse à cette céruse soupçonnée, mettez-la dans une cuiller de fer exposée à un grand feu, elle se fondra, se convertira en plomb, & la craie restera par-dessus sous forme de poussière : cette mixtion est très-commune) ; huile d’olive, deux livres ; eau, quantité suffisante ; faites cuire ce mélange jusqu’à consistance d’emplâtre, & agitez, sans discontinuer, avec une spatule de bois ; lorsqu’il est suffisamment cuit, ajoutez cire blanche, trois onces ; faites du tout un emplâtre, il dessèche les ulcères bénins & superficiels.

Emplâtre de ciguë. Poix résine, deux livres moins deux onces ; cire jaune, seize onces ; poix blanche quatorze onces ; huile de ciguë, quatre onces ; feuilles de ciguë broyées, quatre livres.

Mettez toutes ces substances dans une bassine, faites chauffer à petit feu, presque jusqu’à consomption de toute l’humidité ; passez à travers un linge, en exprimant fortement ; laissez refroidir la masse en la séparant de ses fèces ; ensuite, faites liquéfier l’emplâtre dans une bassine propre, & ajoutez de la gomme ammoniac en poudre, une livre ; mêlez le tout exactement & formez un emplâtre. Il est regardé comme le topique : le plus puissant pour résoudre les tumeurs squirreuses, les tumeurs scrophuleuses, les tumeurs cancéreuses.

Emplâtre de dialpume. Faites bouillir dans une terrine de grès, huile-d’olive, axonge, litharge, de chacun trois livres ; eau de rivière, deux livres ; remuez sans cesse avec une spatule de bois, ajoutez de l’eau à mesure qu’elle s’évapore ; aussitôt que la dissolution est faite, & que le mélange a la consistance convenable, ajoutez cire blanche, neuf onces, avec quatre onces de vitriol blanc, dissous dans suffisante quantité d’eau de rivière ; ne cessez d’agiter ces matières ; diminuez le feu à proportion que l’eau s’évapore ; dès que le mélange ne boursouffle plus, retirez du feu ; remuez jusqu’à ce que le tout soit refroidi.