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être omise ou pratiquée sans inconvénient, dès que l’enfant sorti du sein de sa mère, est fort, vigoureux, & respire facilement. Mais la ligature ne sera jamais nuisible quand on la fera avec attention.

II. Le méconium est une matière excrémentitielle noirâtre, que les enfans rendent par le fondement, après leur naissance. Si elle séjourne dans les intestins, elle leur cause ces coliques, des tranchées, quelquefois même le météorisme ; les sages-femmes qui sont chargées du soin des enfans, ne doivent pas perdre de vue cette évacuation ; cet état est pour eux si douloureux, qu’ils poussent les cris les plus vifs. Dans ces circonstances, il faut avoir recours à des remèdes très-doux & propres à lâcher leur ventre, comme l’huile d’amandes douces, le sirop de violettes, le miel pur, ou délayé dans un peu d’eau, lorsque le premier lait de leur mère ne peut pas le leur faire évacuer.

III. Les coliques & les tranchées qu’ils éprouvent, ne dépendent pas toujours du méconium retenu dans leurs intestins, sur-tout s’ils en sont attaqués après les six premières semaines de leur naissance ; cette matière a eu le temps d’être expulsée : elles ont pour cause, un lait grossier qui tourne à l’aigre, ou des alimens de difficile digestion, que les nourrices prennent. Les coliques saisissent les enfans tout-à-coup, & leur font pousser les cris les plus aigus ; leur ventre devient tendu & il est très-douloureux lorsqu’on le touche ; la couleur des excrémens est verte ; les enfans ont quelque envie de vomir.

Il faut appliquer sur le bas ventre, des fomentations émollientes, leur donner des lavemens avec la décoction de fleurs de mauve, & de graine de lin ; leur faire avaler quelques cuillerées d’huile d’amandes douces, une décoction de riz, dans laquelle on délayera quelques grains de thériaque. Mais les nourrices qui allaitent ces enfans, doivent se priver de tout aliment salé, épicé, & de haut goût : elles s’humecteront beaucoup en prenant, dans la journée, plusieurs verres de tisanne faite avec la racine de guimauve : les crèmes de riz, d’orge, l’avenat, les autres farineux, sont également très-appropriés dans ces circonstances.

Des Maladies de six à douze mois.

I. Le lait que les enfans prennent, tourne quelquefois à l’acide, & leur fait éprouver des coliques, des vomissemens, toujours suivis des douleurs les plus vives. Dans cet état, leur estomac ne peut plus digérer, & si on s’obstine à les gorger de lait, on les expose aux plus grands dangers.

Le parti le plus sage est de recourir aux poudres absorbantes, comme celles d’yeux d’écrevisse, des coraux préparés, dont on délaye quelques grains dans une cuillerée d’eau, & on leur en donne à plusieurs reprises dans la journée.

Après l’usage de ces poudres, si ces aigreurs persistent, avec des envies de vomir, on aidera la nature dans ses efforts, en leur donnant une ou deux gouttes de sirop de glauber, dont on facilitera l’effet par quelques cuillerées d’eau sucrée. Si, malgré cet émétique doux, les