chaudières de MM. Argans, & dans une de celles d’un particulier voisin, ont produit cette différence.
M. Argand. | Le Particulier. |
92 veltes de vin dans une seule chaudière. | 50 veltes de vin dans une seule chaudière, & conforme à celles du pays. |
44 livres de charbon de terre pour leur distillation | 60 livres de charbon pour leur distillation. |
En six heure, on a retiré 18 veltes eaux-de-vie, preuve de Hollande | En cinq heures 42 min. on a retiré 5 veltes eaux-de-vie preuve de Hollande. |
En une heure, on a retiré 4 veltes de phlegme. | En deux heures, on a retiré 5 verges 4 pots de phlegme. |
Il a donc fallu cent soixante livres de charbon pour faire les trois chauffes ; les deux secondes ne dépensent que cinquante livres.
On a retiré des trois chauffes en bonne eau-de-vie quinze veltes, & en repasse 15 veltes & trois cinquièmes.
La distillation de MM. Argand, depuis que le feu a été allumé, a duré sept heures ; chez le voisin sept heures 39 minutes ; mais si on eut fait trois distillations de suite, pour être au pair de celle de MM. Argand à sept heures trente-neuf minutes, elle auroit duré environ vingt-trois heures : cependant, dans la pratique générale, on ne fait que deux chauffes de trente veltes dans les vingt-quatre heures.
À trois distillations, il y auroit donc eu une économie de cent seize livres de charbon. Celle du temps n’est pas moins importante ; car, pour retirer l’eau-de-vie première, ou preuve de Hollande, il faut trente-six heures pour trois chauffes, & MM. Argand n’ont employé que sept heures à compléter une distillation de quatre-vingt-dix veltes ; par conséquent il y a vingt-neuf heures de temps gagnées.
La construction des chaudières de ces Messieurs, donne lieu à une plus grande distillation d’eau-de-vie, preuve de Hollande ; ainsi, la dépense, pour réduire les phlegmes en bonne eau-de-vie, est beaucoup moindre que celle occasionnée par la réduction de ces mêmes phlegmes dans les brûleries ordinaires, puisque ces Messieurs n’ont eu que quatre veltes de phlegme, & le voisin en avoit eu seize verges trois cinquièmes de la même quantité de vin, provenant de trois chauffes.
J’ai eu le plaisir de voir travailler quatre alambics tous à la fois ; l’un chargé de vin, le second d’eau-de-vie pour être convertie en esprit, le troisième chargé de vin de marc, & le quatrième de lies : les mêmes avantages, la même supériorité se sont manifestés, & l’économie du bois a été prodigieuse pour la distillation du marc. Rarement on distille les lies en Languedoc ; le produit est trop mince, & le bois est trop cher. Le prix des eaux de marc est presque toujours d’un quart & même trois tiers au-dessous de celui des eaux-de-vie du commerce à cause du mauvais goût ; & celles obtenues par MM. Argand, étoit au pair de l’eau-de-vie marchande.
On sait que dans la distillation des esprits, on est forcé, dans la crainte des accidens, de ménager le feu, & de le conduire avec la plus grande précaution, de manière que le filet qui coule par le serpentin soit extrêmement petit. Un ouvrier poussa un