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qu’il contient, soit que ces principes aient été produits par les végétaux ou par les animaux ; d’où il faut encore conclure que trop labourer un champ pendant l’été, c’est nuire à la végétation de la récolte qu’on en espère. Le proverbe cependant dit, labour d’été vaut fumier, & le proverbe a raison, si le labour n’est pas multiplié, ou plutôt s’il est donné à propos. (Voyez le mot Labour)

Lorsque nous avons fatigué la terre par plusieurs récoltes consécutives, sans lui donner le temps de réparer ses pertes par les engrais naturels, nous sommes alors forcés de recourir aux engrais artificiels animaux, c’est-à-dire, à ceux que l’on retire des écuries, des basses-cours, &.

§. I. Des Engrais produits par les oiseaux de basse-cour.

I. La fiente de pigeon, vulgairement nommée colombine, est le plus actif des engrais de cet ordre. On dit qu’il est plus chaud, qu’il brûle les plantes si on le mêle à la terre avant qu’il ait jeté son feu. J’ai fait un monceau de colombine & un autre monceau de fiente de volailles, tous deux ont été exposés sous le même hangar, & y font restés pendant un mois. Deux thermomètres, dont la graduation étoit parfaitement semblable, ont été placés, chacun dans un monceau, & ont offert tous les deux les mêmes degrés de chaleur. Ce n’est donc pas par la chaleur que la colombine brûle les plantes, mais par la quantité de sel qu’elle contient, qui corrode les plantes.

Avant de le servir de la colombine seule, on doit la laisser amoncelée au moins pendant un an, & il vaut encore mieux la réduire en poudre lorsqu’elle est bien sèche, afin de la répandre sur les blés, sur les chanvres, &c. dans la saison des pluies, de cette manière elle est très-utile ; & si on s’en sert pendant la sécheresse, elle est très-nuisible. Le jardinier peut en mettre une petite quantité dans le bassin où il puise l’eau dont il arrose, & la vider avec l’arrosoir sur les semis, ou au pied des plantes dont il veut hâter la végétation, ou dont la végétation languit ; mais qu’il soit très-économe de cet engrais, sans quoi il paiera bien cher sa prodigalité mal entendue.

Si on veut ne courir aucun risque, il est plus prudent de s’en servir en poudre, & mieux encore de mêler la colombine au fumier ordinaire, & de les laisser fermenter ensemble pendant une année, ainsi qu’il a été dit plus haut. La colombine répandue sur les prés, fait périr les mousses & autres plantes de cette famille, qui les détruisent peu à peu. Les cendres de charbon de bois, de charbon de terre ou houille, la chaux, &c. produisent le même effet ; ce n’est donc pas aux parties graisseuses de la colom bine, que cette destruction est due, mais seulement à l’activité du sel alcali qu’elle contient.

II. L’engrais tiré de la fiente des volailles, tels que les coqs, les poules, les dindes, &c. a les mêmes propriétés que la colombine, & peut servir aux mêmes usages ; mais elle est un peu moins chaude, c’est à-dire, qu’elle contient moins de sel. D’où provient cette différence ? je l’ignore ; il sembleroit, au contraire, que la fiente des volailles devroit-être plus chaude, puisque ces oiseaux