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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/234

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se nourrissent de grains, d’insectes ; de vers, &c. tandis que le grain seul fait la nourriture du pigeon.

III. L’engrais fourni par les canards, les oies & autres oiseaux aquatiques, a fait naître beaucoup de contestations parmi les agriculteurs : les uns ont dit qu’il falloit le rejeter, puisque l’herbe des prairies sur lesquelles les oies vont paître après la première ou la seconde récolte du foin, est desséchée & brûlée par leurs excrémens ; les autres, au contraire, & les plus sensés, sont convenus du fait ; mais ils ont ajouté que cet engrais, après avoir fermenté pendant long-temps, ou seul, ou mêlé avec d’autres substances, produit une aussi bonne végétation que l’engrais des volailles, &c. Les deux partis ont raison ; il suffit de convenir des circonstances. Les excrémens des chevaux, des mulets, des bœufs, &c. brûlent également, pendant m’été, l’herbe sur laquelle ils tombent ; mais dès qu’il survient une pluie, elle repousse avec plus de vigueur, parce que la racine n’est pas brûlée. Il en est ainsi des prairies pâturées par les oies ; la fane de la plante est détruite, & la racine subsiste. Si cette racine étoit consumée, la prairie périroit insensiblement, tandis que l’année suivante, il ne paroît aucune place vide. On dira peut-être que de nouvelles graines produisent de nouvelles plantes à la place de celles qui font brûlées, & que la prairie se regarnit de cette manière : cette assertion est purement illusoire ; le simple coup d’œil, au renouvellement du printemps, prouve que chaque place est garnie des plantes qui avoient végété dans le cours de l’année précédente.

Que conclure sur la qualité de ces trois espèces d’engrais ? qu’ils sont excellens, ou préjudiciables, suivant les circonstances où ils sont employés, & que le parti le plus prudent est de les mélanger avec d’autres fumiers, & de les laisser fermenter ensemble pendant une année.

Il en est ainsi du fumier tiré des volières des petits oiseaux. Quoique notre luxe soit porté à un point extrême, il n’est pas encore aussi recherché que celui des romains, & nos volières ne sont pas aussi vastes, aussi peuplées de grives & d’ortolans, &c. & ne sauroient fournir les excrémens nécessaires à l’engrais d’un champ entier. Un tel fait seroit regardé comme incroyable, s’il n’étoit rapporté & circonstancié par plusieurs écrivains de cette nation.

§. II. Des Engrais produits par les quadrupèdes.

Les fumiers d’été font préférables à ceux d’hiver, parce que les animaux ont alors une nourriture fraîche qui contient réellement plus de principes aqueux, huileux, & plus d’air fixe & plus d’air inflammable. L’expérience démontre qu’ils sont plus actifs & plus propres à la végétation. L’herbe en se desséchant a donc perdu plusieurs de ses principes, outre son eau de végétation ; ou bien, les alimens secs n’ont pas éprouvé dans l’estomac des animaux, & ensuite dans leurs intestins, le même degré de trituration, de coction ; &c. quoi qu’il en soit, c’est une vérité reconnue.

I. Des excrémens du cheval, du mulet & de Cane. On les appelle chauds, par la facilité qu’ils ont de fermenter lorsqu’ils font rassemblés en tas, &