Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/251

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tres maladies ; mais elles sont quelquefois si liées entr’elles, qu’il est souvent impossible de distinguer celle qui domine sur l’autre. Dans ces circonstances, on est embarrassé. Il faut l’avouer, la science est quelquefois en défaut : l’air en pénétrant le corps humain par différentes voies, y porte avec lui, & applique à diverses parties, certains miasmes d’une nature inconnue, qui produisent cependant les mêmes effets dans les personnes affectées ; la différente situation des lieux, le différent aspect, l’exposition à certains vents, les exhalaisons des marais, les variations dans les faisons, les intempéries de l’air, le vent du midi, qui hâte la putréfaction des eaux croupissantes, d’où il s’élève continuellement dans l’air des matières fétides ou acrimonieuses qui l’infectent, contribuent beaucoup à établir les différentes espèces d’épidémies.

Les mauvais alimens engendrent aussi des maladies épidémiques. On a vu en 1771, dans la comté de Cominge en Gascogne, une maladie épidémique, qui n’avoit d’autre cause que la mauvaise nourriture qu’on prenoit : M. le Roi, célèbre professeur de Montpellier, parvint à la détruire en prescrivant un bon régime, & en faisant donner aux pauvres de la campagne, du bon pain, fait avec de la farine de blé qui n’avoit pas été gâté ; ce pays-là avoit été dévasté par différentes inondations. Personne n’ignore que c’est dans le sein des calamités publiques, que les épidémies prennent leur origine.

Pour s’en préserver, il faut éviter ce qui peut arrêter l’insensible transpiration y & pour cela on ne doit pas s’exposer aux intempéries de l’air, ni passer subitement d’un endroit chaud, en un lieu froid.

Les personnes qui, par état, sont chargées du soin de veiller à l’administration des villes & villages, doivent être attentifs à ce que le rues soient bien propres, à ne pas permettre des creux à fumier dans l’enceinte des lieux habités, à faire allumer de distance en distance des feux composés de plantes odoriférantes ; le feu est un excellent purificateur, & même le meilleur & le plus expéditif de tous.

Le traitement des épidémies doit se rapporter aux causes qui les produisent ; les saignées, les rafraîchissans, le camphre corrigé avec le nitre, seront très-appropriés quand le caractère de l’épidémie sera inflammatoire, que le pouls sera fort, serré, tendu, & qu’il n’y aura point abattement de forces ; mais tous ces secours seroient très-dangereux si la cause dépendoit d’une abondance d’humeurs putrides dans l’estomac, & dans le reste des premières voies. Si la putridité domine sur les autres complications, les émétiques, les purgatifs, produiront les effets les plus salutaires.

Si on en attribue la cause à la suppression de l’insensible transpiration, il faut alors employer les moyens nécessaires au rétablissement de cette sécrétion si nécessaire & si utile à l’économie animale ; le kermès minéral, les fleurs de sureau, le scordium, combinés avec quelque léger sudorifique rempliront cette indication. Les frictions sur la peau, faites avec des linges imbibés de fumée de plantes aromatiques seront aussi très appropriées.

Mais quand, dans les épidémies, la