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crate la regardoit comme mortelle. Cependant on peut dire qu’elle ne l’est pas aussi généralement aujourd’hui, qu’elle pouvoit l’être du temps du père de la médecine. Toutes les maladies convulsives qui affectent le genre nerveux, résistent souvent aux méthodes de traitement les mieux ordonnées ; mais on ne doit pas pour cela les regarder comme incurables ; je suis très-convaincu qu’on peut traiter avec quelque succès les épilepsies sympathiques, sur-tout si l’on s’attache à connoître la cause qui les produit, si l’on emploie les ressources de l’art, & si on se prête aux mouvemens critiques de la nature.

L’épilepsie est quelquefois guérie par la nature, par des pustules, des croûtes laiteuses, des ulcères formés à la tête dans le premier âge de la vie, & par la révolution de la puberté, par les premiers essais des plaisirs amoureux.

Il résulte de ces observations, que lorsque la nature paroît affecter une solution spontanée, il est dangereux de l’arrêter. Il faut, au contraire, rassurer & l’aider dans sa marche. Chaque accès d’épilepsie doit être traité par des moyens doux & faciles, qui tendent à procurer la solution la plus aisée & la plus complète ; il faut secourir le malade le plutôt possible, faire étendre ses membres, afin que les muscles antagonistes soient plus fortifiés ; frictionner ses pieds & ses mains ; mais il est dangereux de secouer le malade. Il convient de le mettre dans une situation horizontale, la tête relevée & tournée de côté, afin qu’il puisse mieux rendre son écume, & que la congestion à la tête ne soit pas considérable ; si le malade se mord la langue ou les lèvres, on lui mettra une pelotte entre les dents, & afin qu’il ne se blesse point, on l’attachera avec un fil, de peur qu’il l’avale. Il est encore avantageux de lui frotter l’épine du dos avec des linimens volatils huileux, comme l’huile de vers & de succin, & de détruire la convulsion qui agite les muscles masseter &c crotaphite, par des frictions douces. On a vu les odeurs fortes faire entrer en convulsion les femmes hystériques ; néanmoins la rue pourroit convenir. Hoffman rapporte l’observation d’une femme qui devint épileptique par la seule odeur du musc ; il ne put la guérir que par l’assa-fœtida. Les ligatures du scrotum ont quelquefois réussi. On peut essayer l’huile de romarin qu’on fait entrer dans les narines.

Il importe beaucoup d’observer toutes les causes qui peuvent occasionner l’épilepsie, ainsi que la nature du premier accès, & les symptômes qui ont précédé. Il faut encore distinguer si les premiers accidens se présentent au creux de l’estomac, à la tête, ou autres organes ; ce qui s’annonce par des sentimens d’anxiété, de lassitude, qu’on ressent dans telle ou telle partie qui est le vrai siège de l’épilepsie. Toutes ces vues mènent à combattre directement l’affection primitive. Boerhaave, veut qu’on ait égard au rapport des retours des accès épileptiques, relativement aux phases de la lune. Cette influence existe, malgré ce qu’en ont dit certains auteurs, & elle doit diriger le médecin jusqu’à un certain point, comme l’ont très-bien vu Hoffman & Mead. Ce qui fait que, si une fois on a observé une analogie bien cons-