Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/260

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tante entre le retour des phases de la lune & des accès, il faudroit, quoique la maladie parût d’ailleurs guérie, répéter les remèdes vers le temps où les accès ont coutume de paroître ; il faut, de plus, observer quel rapport a l’altération des choses dites non-naturelles, telles que le régime, les excrétions & les retentions sur la durée & les retours plus ou moins fréquens des accès d’épilepsie, ce qui démontre encore que le régime & l’usage de certains alimens doivent être gouvernés suivant le plus ou le moins de pouvoir qu’ils ont sur les accès.

Quoiqu’on ne puisse pas oublier la diathèze, qui dispose le corps à l’épilepsie, c’est-à-dire, cet état dans la constitution, qui fait qu’une telle circonstance produira sur tel homme une attaque d’épilepsie, tandis qu’elle n’agira pas sensiblement sur cet autre ; on peut cependant espérer de l’affoiblir, en tâchant d’enlever toutes ces causes occasionnelles sensibles, dont le concours peut mettre en jeu cette diathèze. On doit donc s’attacher 1o. aux causes prédisposantes sensibles qu’on découvre dans la constitution du malade ; 2o. aux causes déterminantes qui ont leur siège dans la tête ; 3o. enfin, à la sympathie qui existe entre l’estomac & les autres organes avec la tête.

1o. Les enfans sont toujours plus disposés à l’épilepsie, à raison de leurs constitutions muqueuses & pituiteuses. Hippocrate avoit observé que les enfans chez lesquels cette humeur pituiteuse domine, comme on le voit par les croûtes laiteuses & autres éruptions, auxquelles ils sont sujets, sont très-fréquemment attaques de cette maladie, quand la matière ne peut point s’évacuer par d’autres voies, & que l’épilepsie ne cesse chez eux que quand l’âge chasse cette humeur surabondante. D’après cela, on doit s’attacher á détruire cette quantité d’humeurs surabondantes par des purgatifs assez énergiques, qui déterminent une dérivation utile par les selles, ayant toujours égard aux contre-indications qui se présentent.

Mais un régime fortifiant, desséchant, tonique, propre à prévenir la régénération de ces humeurs, doit venir à l’appui de ces remèdes ; l’exercice sur-tout, les astringens, comme le gui de chêne, l’application des vésicatoires & des cautères, peuvent être aussi utiles pour remédier à cette surabondance d’humeurs. Boerhaave a guéri plusieurs enfans, en leur appliquant, dans la pleine lune, des vésicatoires, qu’il ôtoit après huit ou dix heures de leur action, & qu’il remettoit ensuite. Les cautères n’auroient point la même efficacité ; leur impression est constante & uniforme, & la nature s’y habitue. L’usage du savon & des sudorifiques, tels que le gayac, la squine, la salsepareille, remédient fort bien à cette surabondance d’humeurs muqueuses.

Quand l’épilepsie dépend d’un vice scorbutique, on doit recommander au malade de faire de longs voyages, de changer d’air, de se nourrir des sucs des plantes anti-scorbutiques, de fruits doux & acides, comme les oranges douces, les citrons ; mais il arrive très-souvent que quand les malades reviennent dans leur pays, ils reprennent la maladie. M. Van-Swieten l’a observé.

2o. Quant à l’affection de la tête, il peut se faire qu’il y ait une con-