Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/291

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continue, augmentait vers le soir, les bêtes avoient une diarrhée continuelle, & leur fiente étoit verte & de mauvaise odeur ; leur haleine étoit puante, & la transpiration d’une odeur désagréable ; leur sang étoit échauffé & mêlé de quantité de parties hétérogènes ; elles avoient la bouche ulcérée ; en leur passant la main sur le corps, on sentoit des tumeurs sous les membranes charnues, & presque tout le corps étoit couvert d’ébullitions. Une vache à lait, attaquée de la maladie, perdoit son lait peu à peu, & n’en avoit plus du tout au quatrième jour ; les évacuations devenoient alors plus abondantes, & accompagnées d’acrimonie à l’anus. La vache se plaignoit sur-tout vers le soir, & se couchoit. Ces symptômes augmentoient jusqu’au septième jour & quelquefois jusqu’au neuvième.

L’animal réchappoit, si dans le temps de la crise tout son corps se couvroit de pustules grosses comme des œufs de pigeons, sur-tout des deux côtés de l’épine du dos depuis la tête jusqu’à la queue ; si les tumeurs, venant à suppuration, exhaloient une odeur infecte ; si on appercevoit des ulcères formés sur quelqu’autre partie du corps ; si les excrémens acquéroient plus de consistance, & si l’urine se trouvoit plus épaisse & colorée ; si le frisson étoit suivi d’une grande chaleur, si la fièvre diminuoit, & si le pouls devenoit régulier ; enfin, si les yeux étoient plus vifs, si l’animal dressoit les oreilles en voyant approcher quelqu’un, & s’il commençoit à manger.

Il n’y avoit au contraire presqu’aucune espérance si, après sept jours, les éruptions & les abcès diminuoient sans suppurer ; si la diarrhée continuant, l’haleine se trouvoit toujours échauffée & le corps froid ; si l’animal se plaignoit davantage, & s’il rendoit plus d’humeurs par les yeux & les naseaux ; si les yeux devenoient troubles, languissans ; si l’engourdissement augmentoit ; si l’urine étoit bien colorée, & si l’animal exhaloit une odeur cadavéreuse.

Dès que quelques-uns de ces symptômes paroissoient, M. Lugard faisoit transporter l’animal dans une étable, au haut de laquelle étoient deux trous d’un pied en quarré, l’un vers le midi, l’autre au nord-ouest pour la libre circulation de l’air ; on ouvroit aussi la porte environ une demi-heure chaque jour pendant l’été : l’animal avoit toujours une couverture sur le dos, & on renouveloit sa litière toutes les vingt-quatre heures.

M. Lugard ne faisoit point saigner les vaches extrêmement maigres, ni les veaux foibles ; il faisoit seulement tirer la valeur de deux livres de sang du col des vieilles vaches, & le double, si les bêtes étoient fortes & grosses ; soit qu’il jugeât à propos de faire saigner l’animal malade ou non, il ne le faisoit pas moins laver avec du vinaigre mêlé dans de l’eau chaude où avoient bouilli des herbes aromatiques ; après quoi il le faisoit frotter avec un morceau de drap ou un bouchon de paille ; on réitéroit cette opération tous les jours, matin & soir, pendant un quart d’heure, pour aider la transpiration. Ce médecin recommandoit en même temps de laver avec de l’huile chaude, les tetines des vaches à lait, afin de le conserver.