Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’abattement soit venu ; ils paroîtroient pareillement indiqués pour les bestiaux, mais leurs entrailles se prêtent difficilement à l’effet des purgatifs, & la structure de leur estomac rend le vomissement impossible ; ainsi, ces sortes de médicamens ne peuvent pas être utiles, ils leur deviennent nuisibles, en augmentant l’irritation à laquelle ces sortes de bestiaux sont déjà disposés. Les animaux qui ont l’estomac figuré ou formé comme celui de l’homme, vomissent ; & on a pareillement remarqué que des chiens & des cochons attaqués de l’épidémie, ont été guéris à l’aide du vomissement. Les tumeurs exigent un traitement particulier ; la qualité putride & âcre qu’elles contiennent, demande qu’on les ouvre sans perdre de temps aussitôt qu’elles paroissent, plus on diffère, plus elles deviennent mauvaises ; on multipliera les ouvertures à proportion qu’il en paraîtra de nouvelles : on attirera même l’humeur dans les parties les moins dangereuses, en y faisant des cautères ou des sétons, lorsqu’il y a même des tumeurs ; on fortifiera en même temps toutes les chairs par quelques fomentations anti-gangreneuses, telles qu’une décoction du scordium faite avec le vin, & aiguisée de sel commun ou même de sel ammoniac. On pansera les plaies avec le suppuratif, dont on enveloppera un morceau de plante plus ou moins âcre, selon qu’il paroît nécessaire d’attirer l’écoulement de l’humeur ou de le favoriser simplement : l’herbe aux gueux, l’ellébore noir, la racine d’iris, peuvent très-bien convenir dans ce cas ; la plaie étant devenue belle, on la panse simplement avec une mèche garnie de suppuratif ou de térébenthine. M. Nicolaw a fait l’ouverture de plusieurs cadavres de ces animaux, dont voici le résultat.

Première ouverture. Le 23 août 1763, un bœuf appartenant au Sr. Fief-Gallet, fermier de la terre de St. Fort, mourut vers les quatre heures après midi ; nous le vîmes couché, comme il étoit sur le point d’expirer ; il mourut, après avoir eu quelques légères convulsions ; son corps n’enfla point, & il ne parut à l’extérieur aucune marque de maladie. L’ouverture faite immédiatement après la mort, toutes les chairs se montrèrent saines, ne répandant aucune mauvaise odeur ; le médiastin, la pieuvre, le diaphragme, le cœur & le poumon se trouvèrent naturels. Lorsqu’on enleva ces viscères, il se répandit une quantité de sang qui n’étoit point coagulé, mais dissous, le poumon avoit seulement quelques hydatides à sa superficie, remplies de sérosité limpide ; d’ailleurs, il n’y avoit rien dans sa couleur, ni dans sa consistance qui fût extraordinaire, tant intérieurement qu’extérieurement. La langue, la bouche, & l’œsophage étoient sains, dans le bas ventre l’épiploon ou le tablier graisseux étoit aussi sain ; la rate avoit quelques taches de gangrène sur la surface qui touche au livret & à l’abomasus. La consistance de la bile paroissoit un peu claire, & la couleur un peu plus pâle qu’elle ne devoit l’être ; les estomacs & les intestins ayant été déchirés par le peu de dextérité du maréchal ferrant, il ne fut pas possible de les examiner assez exactement ; cependant l’abomasus parut totalement sphacelé ; le psautier ne l’étoit pas autant, mais la membrane veloutée, séparée, tant de ses feuillets