Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/313

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veau, les ressources principales auxquelles on doit avoir recours, sont les remèdes capables de rappeler les solides à leur ton, d’en solliciter l’élasticité, de fournir au sang des parties balsamiques propres à maintenir l’union de ses principes & à en prévenir comme à en empêcher la dissolution. On emploiera de même des médicamens qui conduisent les tumeurs critiques à une heureuse terminaison, & les évacuans achèveront la cure ; car il n’est pas possible d’espérer, sans ce secours, & dans une maladie de cette espèce, d’expulser toutes les matières dégénérées, & de rappeler entièrement les liqueurs à leur premier état. On observe encore que cette maladie est foudroyante, & que le moment ou elle se déclare, est l’anéantissement de la machine qu’elle a insensiblement & sourdement frappée ; ainsi, tous les délais seroient dangereux, & on ne sauroit différer de la combattre, si on désire de la vaincre, & de s’occuper en même temps à corriger les vices de l’air, & de remédier à celui des eaux. On brûlera fréquemment, & hors des maisons, & sur-tout dans les endroits où sont situées les étables, les écuries, les bergeries, des plantes qui exhaleront beaucoup d’odeur : on préférera à cet effet le genièvre ; on pourra y joindre & y substituer le genêt, le bouleau, le peuplier, selon que les bois seront plus ou moins communs dans le pays ; on les choisira même verts. Rien n’est plus capable de purifier l’air que l’évaporation des parties salines & sulphureuses ; M. le Clerc, à cet effet, conseille de faire tirer le canon dans les villages sains, mais très-voisins des villages infectés. On aura en second lieu la plus grande attention à la propreté des lieux qui servent d’habitation aux animaux ; on les nettoiera exactement de tout le fumier qu’ils contiennent & que l’on enterrera ou que l’on brûlera avec soin ; on les blanchira, on y brûlera fréquemment du genièvre, du thim, du laurier ; on pourra encore tenter d’y brûler du soufre, mais ce ne sera qu’autant que les-animaux en seront dehors. On séparera en troisième lieu, avec la dernière exactitude, les animaux sains des animaux malades : il s’exhale toujours des corps de ceux-ci des corpuscules morbifiques qui infecteroient infailliblement ceux des premiers qui ne seroient qu’à une légère distance d’eux, & qui envelopperoient ou augmenteroient la disposition qu’ils ont à participer à la maladie épizootique ; on doit, par la même raison, enterrer & mettre dans des fosses très-profondes les animaux qui meurent, & même, s’il est possible, couvrir de chaux immédiatement les cadavres.

En quatrième lieu, ne les nourrir, s’il est possible, qu’avec des fourrages de bonne qualité, & bien récoltés ; ne les abreuver que d’une eau courante ; & si la chose étoit impraticable, il faudroit corriger les mauvaises qualités de celle qu’on leur feroit boire, en y mêlant du vinaigre de vin jusqu’à une certaine acidité, ou du moins en plongeant dans une certaine quantité de cette même eau, un fer rougi au feu, & en l’y éteignant plusieurs fois : s’il étoit possible de la faire bouillir, de la blanchir, & de ne nourrir même les animaux qu’avec du son, & avec